La Haine, la vraie
Brève

La Haine, la vraie


La couverture du Nouvel Observateur de cette semaine n'y va pas par quatre chemins : regroupant Soral, Dieudonné et Zemmour, elle emprunte son titre et son esthétique au film de Mathieu Kassovitz, La Haine (1995) :


Et 'on peut penser plus précisément à cette affiche-là, variante de la précédente où le regard de Vinz et les trois petites images du bas sont remplacées par trois portraits :


On y voit Saïd pointant un revolver vers nous pendant que Hubert nous dévisage impassible et que Vinz en fait de même en affichant un rictus. Revolver et rictus sont deux éléments graphiques importants de cette bobine. À plusieurs reprises Vinz brandit cette arme…


… quand il ne mime pas le geste de nous trucider tout en affichant un rictus…


… qui trouve peut-être son oirigine dans cette célèbre photo de William Klein intitulée Gun 1, New York, 1955 :

Photo © William Klein, 1955


"Cette photo, a dit William Klein, est considérée comme mon image clé… C'est de la fausse violence, de la parodie. J'ai demandé au garçon de diriger l'arme à feu vers moi et d'afficher un air dur. Il l'a fait et nous avons ri … [Elle est pour moi] une espèce de double autoportrait. Enfant de la rue, j'essayais d'avoir l'air dur tout en étant le brave petit garçon timide qui se tient à droite."

Cet autre photogramme issu de La Haine semble être, lui aussi, une citation de la photo de Klein. On y retrouve le tireur de face à notre gauche, et le garçon de profil à droite :


Cela dit, l'image de Vinz pointant un pistolet fantôme vers nous est peut-être aussi une citation de Taxi Driver, la scène où De Niro s'exerce à dégainer ses armes, celle où il prononce le fameux "You're talking to me?". Vinz et De Niro sont torse nu, affichent tous deux un rictus dans une pièce aux murs sur lesquels sont punaisés des affiches (la photo de promo de Taxi Driver est en noir et blanc, bien que le film soit en couleurs ; La Haine a également été tournée en couleurs, mais fut diffusée en noir et blanc) :


La Haine, en noir et blanc. La vraie, celle-là, pas une haine de cinéma. Sans flingue dans les mains, mais avec des paroles assassines. Elle a pour noms Soral, Dieudonné, et Zemmour.


La psychanalyste Ruth Menahem a démontré comment, souvent, "la haine soutient la vie, se cherche un objet pour échapper au vide, alimente la culture de la haine, qui se soutient de la détresse infantile ; l’enjeu n’est pas alors de dépasser la haine, mais d’aimer et haïr les objets de son choix au lieu de subir l’exploitation de ses pulsions à des fins dictées par une minorité qui détient le pouvoir." (Source)

 

L'occasion de lire ma chronique intitulée Éternité de la propagande.

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