Causette : dissensions internes sur le dossier prostitution
Brève

Causette : dissensions internes sur le dossier prostitution

Le dossier sur la prostitution avait fait grand bruit sur les réseaux sociaux. Une liste "humoristique" de "55 raisons de résister à la tentation pour vous messieurs". Des phrases du type "parce que quitte à se taper une fille qui n'a pas envie, autant la violer, c'est moins cher (mollo, on déconne)"
. Ce mercredi, Causette publie un communiqué sur Facebook, dans lequel on découvre qu'une partie de la rédaction n'était pas d'accord avec le ton de ce dossier. Le rédacteur en chef de son côté revendique de "l'ironie par antiphrase".

Le dossier avait suscité des réactions indignées, aussi bien chez les " pro" que chez les "anti"-prostitution, réactions reprises dans plusieurs articles ici ou ici. Le matinaute en a parlé ici. Jusque-là, ni la direction ni la rédaction de Causette ne s'étaient exprimées. Aujourd'hui, Causette publie un communiqué sur Facebook dans lequel on découvre un message de la rédaction adressée à ses lecteurs pour "exprimer publiquement son désaccord avec cet article". "Sa forme plus que maladroite contrevient à l'éthique et aux valeurs de Causette en stigmatisant les prostitué(e)s plus qu'en les défendant. Une partie de la rédaction l'avait fortement signifié dès l'élaboration de ce papier mais n'a pas été entendue. Si la question de la prostitution est loin de mettre tout le monde d’accord au sein du magazine, nous avons toujours considéré qu’il était possible de la traiter en dépit de nos divergences. Nous considérons en outre que l’article "55 raisons de résister à la tentation (pour vous, messieurs)» est en complète rupture avec la ligne éditoriale du magazine." Contactée par @si, la journaliste Julia Pascual, déléguée du personnel explique que ce sont "des divergences qui s'étaient exprimées qui n'ont pas été entendues par la rédaction en chef en amont, elles le sont en aval". Non sans quelques négociations pour aboutir à ce double communiqué rédaction et direction.

"J'ai créé ce magazine. Je connais la ligne éditoriale"

De leur côté, Liliane Roudière (rédactrice en chef) et Grégory Lassus-Debat (directeur de la publication) publient un communiqué dans le même statut Facebook - plus long - dans lequel ils revendiquent et assument "avoir utilisé "de l'ironie par antiphrase : écrire l'exact contraire du message que l'on veut faire passer pour, via sa violence ou son absurdité, dénoncer le propos de ceux qui le pensent... au premier degré. (...) Nous avons opté pour une méthode peu délicate, c'est le moins que l'on puisse dire. (...) Lorsqu'on écrit «Parce qu'il y a toujours moyen de se bricoler une pute acceptable avec une pastèque trouée » : pour nous, c'est une manière radicale d'écrire que, pour les réseaux mafieux comme pour les clients, ces femmes ne sont rien d'autre que des objets."

Contacté par @si, Lassus-Debat explique que l'objectif était justement de "choquer pour recentrer le débat sur le sort fait à ces femmes", de "mettre un coup de pied dans la fourmillière". "Je veux que Causette soit un magazine engagé". "Sur un sujet aussi dramatique que celui-ci, Causette doit être engagée, quitte à ce que le propos soit chaud, même bouillant, mais sans être dans la provocation gratuite." Il reconnait une seule erreur selon lui : avoir mis en appel de Une le mot "prostitution", et pas "prostitution forcée", puisque l'objectif était de dénoncer cette prostitution sous contrainte. Mais il assume le ton trash : "choquer autant que l'on est choqué par la violence de la prostitution forcée".

Lassus-Debat ne nie pas qu'il y a eu une opposition au sein de la rédaction. Il parle de "petite crise autour de ce papier". Selon lui, lorsqu'on a publié le dossier, "ce n'était pas la majorité qui était opposée sinon je l'aurais écoutée. C'est devenu une majorité lorsqu'il y a eu les premières réactions des abonnés et sur les réseaux sociaux. Personne au sein de la rédaction n'a demandé qu'un encart faisant état de cette opposition ne soit publié, ce que nous aurions bien entendu accepté. En effet, depuis le début, je pense que le débat interne fait partie de la ligne et qu'il est même enrichissant pour tout le monde." Mais Julia Pascual assure de son côté qu' "il y avait une majorité opposée dès le début". Quant aux phrases trash qui ne correspondraient pas à la ligne éditoriale : "j'ai créé ce magazine, donc la ligne éditoriale je la connais" , tranche le directeur.

Causette n'en est pas à sa première polémique. Nous vous avions parlé de celle-ci, dans laquelle le magazine s'opposait à l'AVFT, (association contre les violences faites aux femmes au travail) à propos du traitement médiatique d'une affaire d'agression sexuelle . Plus récemment, Causette avait été accusée d'être "pro-pédophile".

Mise à jour, jeudi, 12h20 : ajout d'une citation du directeur de publication.

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