C'est une série de réclames pour Amnesty International intitulée It's not happening here. But it is happening now qui, on ne sait pourquoi, réapparaît ces jours-ci sur le ouèbe mondial sans explication aucune (voir par ici, par là, ou encore par là, entre autres), alors qu'elle date de 2006 (voir par là).

Pour cette campagne qui fut créée en Suisse et dura quatre semaines, des scènes de torture furent posées en surimpression sur deux cents photos de lieux prises dans différentes villes dont Genève, Berne et Zürich. Les affiches, réalisées par Federico Naef pour l'agence Walker de Zürich, furent ensuite collées dans les lieux précédemment photographiés, créant ainsi un trompe-l'oeil imitant une dérangeante transparence :

Ce genre de trompe-l'oeil photographique fut par la suite plusieurs fois utilisé. Par le site detroiturbex, par exemple, qui propose des photographies anciennes superposées à des lieux aujourd'hui abandonnés de Detroit (Michigan), ville célèbre pour sa défunte industrie automobile et son actuel état de faillite :

Ou par des gens qui (c'est la mode actuellement) superposent une photo issue d'une scène de film au lieu où fut tournée ladite scène. Quelques exemples, pris sur le site d'un Amerlocain nommé Christopher Moloney :

Breakfast at Tiffany's
de Blake Edwards, 1961

West Side Story
de Jerome Robbins et Robert Wise, 1961

Kramer vs Kramer
de Robert Benton, 1979

Ou encore par un autre Amerlocain nommé Bob Egan qui cherche les lieux de New York ayant servi de décor à des pochettes de disques :

Wednesday Morning, 3 A.M.
par Simon et Garfunkel, 1964

Pretzel Logic par Steely Dan, 1974

The Freewheelin'
par Bob Dylan, 1963

Dans un genre voisin il était de bon ton, au début des années 2000, de se faire photographier avec une pochette de disque devant la figure en s'arrangeant pour que la bobine de l'artiste soit raccord :

Cette astuce graphique fut, bien sûr, un jour récupérée par les publicitaires (il en fut question dans un Vite dit daté de 2011), voici un exemple :

Mais la plus vieille image dans ce genre est beaucoup plus ancienne, elle est probablement due aux crayons et aux pinceaux de Norman Rockwell qui réalisa, pour le Saturday Evening Post du 1er mars 1941, cette couverture intitulée Double Talk :

Cette admirable peinturlure nous montre une jeune fille qui cache son visage avec un numéro du Saturday Evening Post affichant un portrait de l'actrice Dorothy Lamour.

Dorothy Lamour

Il s'agit là d'une couverture inventée par Rockwell, jamais cette actrice ne fit la une de l'hebdomadaire.

La jeune fille qui posa pour le peintre s'appelait Millicent Mattison Riker. Elle montra son visage quelques semaines plus tard dans le même Saturday Evening Post, en date du 12 avril 1941 (source) :

Norman Rockwell offrit sa peinture à Walt Disney, avec la dédicace suivante manuscrite au bas du tableau : "Pour Walt Disney, un des vrais grands artistes, de la part d’un admirateur, Norman Rockwell." Plus tard, l'aînée des filles de Disney offrit le tableau au Norman Rockwell Museum de Stockbridge dans le Massachusetts.

L'occasion de lire ma chronique intitulée La véritable histoire de Rosie dans laquelle il est question de Norman Rockwell.