Kechiche, Le Monde et les copinages : notre solution
Brève

Kechiche, Le Monde et les copinages : notre solution

Et c'est reparti pour un déballage cinématographique, comme on les aime.

Après la bombe Maraval de Noël dernier sur les salaires mirobolants des comédiens, la bombe Kechiche sur les copinages journalistes-cinéastes-producteurs-jurés, publiée sur Rue89. Palme d'or 2013 à Cannes pour La vie d'Adèle, Abdellatif Kechiche vide son sac contre la presse en général, et Le Monde en particulier, coupable d'avoir publié des enquêtes reprenant les accusations de techniciens de plateau contre la tyrannie multiforme que lui, Kechiche, imposerait sur ses tournages.

En représailles, Kechiche vise le chef du service cultture du Monde, Aureliano Tonet, coupable pour sa part de mettre en sous-main son journal au service des intérêts et des vendettas de son précédent employeur, le producteur Marin Karmitz. Vrai ? Faux ? Indémêlable. Le texte de Kechiche, qui en faisant mine de les défendre, mouille au passage rien moins que Tarantino, Haneke ou Michaël Moore, est bourré de liens renvoyant aux articles de Tonet, et nous laisserons à nos matinautes le plaisir de s'y plonger par eux-mêmes. Les articles mis en cause de Tonet, comme le reconnait Kechiche lui-même, sont assez habiles ou ambivalents pour qu'on puisse y lire, au choix, éloges ou descentes en flammes.

Il a fallu au Monde toute une journée pour rédiger une réponse : brève, signée du "directeur adjoint des rédactions" Michel Guerrin, elle campe sur le rappel de quelques principes généraux comme le droit, pour un journal, d'enquêter sans concessions sur les conditions de tournage d'un film, fût-il un chef d'oeuvre (ce en quoi le matinaute est parfaitement d'accord avec Guerrin). Mais elle se garde bien de répondre en détail sur le cas Tonet, n'y faisant même aucune allusion, ce qui est toujours le signe d'un certain embarras.

Que la diatribe anti-Tonet de Kechiche soit dictée par la rancune, c'est évident. Kechiche flingue parce qu'il estime avoir été flingué. Que la lecture de la tribune de Kechiche ET des enquêtes du Monde nous informe mieux, au total, sur les coulisses des tournages ET de la critique, est une deuxième évidence. De même qu'il est tout aussi évident que tout ce déballage ne changera rien à rien, que les cinéastes tyranniques continueront de tyranniser les plateaux pour le bien de l'oeuvre, et que les critiques continueront d'être soupçonnés de noires manugances.

Que faudrait-il pour que ça change ? Une fois n'est pas coutume, le matinaute a une solution. Et qui ne coûterait rien à personne. Attention, roulements de tambour : la seule solution consisterait à recruter des critiques de cinéma n'ayant aucun lien avec le milieu, prémunis contre toute tentation de devenir eux-mêmes un jour scénaristes ou cinéastes, n'assistant pas aux festivals ni même aux projections de presse, et allant voir les films en salle, le mercredi de la sortie, avec le cochon de public.  Celà décalerait au jeudi la publication des critiques, ne coûterait rien aux journaux qui s'y essaieraient -l'entrée des salles est gratuite pour tout porteur d'une carte de critique- mais au moins seraient-elles insoupçonnables de toute collusion. Toute conversation téléphonique entre un critique et un cinéaste serait immédiatement rendue publique par Barack Obama, ce qui fournirait une honorable reconversion professionnelle aux fonctionnaires américains jusqu'alors chargés d'écouter Dilma Roussef, Angela Merkel, et autres ennuyeux chefs d'Etat. Ne me remerciez pas, l'idée est gratuite.

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