C'est un tweet retweeté aujourd'hui, l'image d'une gamine dans un jardin d'enfants devant un panneau de la langue des signes :

Cette photographie, qui se balade de tweet en tweet et de site en site, date en vérité de décembre 2012. Elle a été prise par une certaine Claudia L Peralta à Colima au Mexique, dans un parc nommé "La Piedra lisa" (voir par là cette image sur son compte Facebook).

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce tableau ne sert pas à "parler" en langue des signes. Hein ? Quoi ? Comment ? À quoi ça sert, alors ? Explication. Les différentes langues des signes - il ne s'agit en aucun cas d'un langage international -  utilisent des signes de plusieurs sortes :

 - des signes iconiques qui miment l'objet, l'être ou le verbe que l'on veut signifier. Voici le mot cheval, puis le verbe dormir :

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- des signes influencés par la langue parlée où la lettre initiale du mot est mimée ;

- des signes dactylologiques, c'est-à-dire des signes formés par les mains mimant les lettres. Ils servent à épeler des noms propres, des noms de lieux, etc., ne permettent en aucun cas de mener une conversation. Ce sont les signes dactylologiques mexicains que contemple la gamine de la photo :

Voici les signes dactylologiques français (les petits curieux remarqueront les différences avec le tableau ci-dessus) :

Ce type de langage pour sourds n'est pas le seul. Il existe également un langage qu'on appelle en France le français signé. Il s'agit d'une adaptation, d'une version simplifiée de la LSF mise au point pour les entendants ; toutefois, certains sourds l'emploient également. Le langage signé oublie la grammaire spécifique de la LSF (qui place notamment les mots dans un ordre particulier : temps-lieu-sujet-action) pour se contenter de la grammaire française ordinaire.

Mais ce n'est pas tout ! Il existe enfin le langage parlé complété (LPC), qui est une aide à la lecture sur les lèvres enseignée aux enfants sourds. Le LPC est une série de gestes qui traduit les sons de la langue parlée, permettant ainsi de ne pas confondre certaines lettres comme le P et le B. Voici le tableau des différents signes LPC :

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Parler avec les mains n'est pas l'apanage des sourds et des malentendants, bien sûr. De nombreux peintres classiques se sont penchés sur ce sujet ô combien difficile, voici une sélection d'estimables peinturlures et agréables croquis :

La Madone du rosaire par Le Caravage, vers 1605

La Diseuse de bonne aventure
par Le Caravage vers 1596

Le Christ et les docteurs de la loi
par Albrecht Dürer, 1506

Études de pieds et de main
parThéodore Géricault, vers 1818

Les apôtres Pierre et Paul
par Le Gréco, vers 1592

La Diseuse de bonne aventure par Georges de La Tour,
vers 1632-1635

Études de mains
par Nicolas de Largillière, vers 1715

Études de mains par Léonard de Vinci, vers 1474

La création d'Adam par Michel-Ange, vers 1510

Têtes et mains d'apôtres par Raphaël,
vers 1520

La Leçon d'anatomie du professeur Tulp
par Rembrandt, 1632

La vocation de saint Matthieu
par Hendrick Terrbrugghen, 1621

Études de mains par Vincent Van Gogh, 1885

L'occasion de lire ma chronique intitulée Un tour chez les vampires où il est plus question de dents que de mains mais il faut de tout pour faire un monde.