Chine / prostitution : confession forcée pour un blogueur-investisseur
Brève

Chine / prostitution : confession forcée pour un blogueur-investisseur

La Chine reprend-elle en main Internet ? Le milliardaire Charles Xue, investisseur, et vedette de l'Internet, est apparu sur la télévision d'Etat, cette semaine, filmé en prison, et reconnaissant être "irresponsable" et avoir diffusé des informations "négatives" aux 12 millions d'abonnés de son compte Weibo (le Twitter chinois).

Charles Xue est l'un des plus célèbres blogueurs chinois, sur Weibo il a 12 millions d'abonnés. Le 23 août dernier, il a été arrêté, à Pékin, par la police (officiellement appelée par un voisin) en compagnie d'une jeune fille d'une vingtaine d'années. Selon la police il aurait reconnu que la jeune fille était une prostituée.

L'information a été étrangement rendue publique, sur Weibo, pluiseurs heures avant que la police ou les médias n'en parlent, par un professeur de l'université de Pékin, connu pour ses opinions conservatrices. L'accusation est étonnante car Xue a été victime d'un cancer en 2011 qui l'aurait privé de ses fonctions sexuelles.

Cette semaine, Xue est apparu sur la chaîne d'Etat, China Central Television (CCTV). Vêtu d'un uniforme de prisonnier, il a déclaré: "Je reconnais mon irreponsabilité pour avoir diffusé des informations à caractère négatif, en ligne. "La liberté d'expression doit respecter la loi" a-t-il ajouté. Il a aussi reconnu être un irresponsable et un égoiste qui s'est pris pour un empereur.

Xue (Xue Biqun en chinois) est aussi un milliardaire, et un célèbre VC (Venture Capitalist) âgé de 60 ans. Il a investi dans des centaines de start-ups de l'Internet chinois. Il est le fils de Xue Zizeng, (qui fut maire-adjoint de Pékin, et vice-ministre du Travail dans le gouvernement central avant de mourir en 1980) et a fait ses études à l'université de Berkeley en Californie.

Hu Xijin, pourtant rédacteur en chef du quotidien chinois d'Etat, le Global Times, a écrit sur Weibo "On ne peut pas exclure la possibilité que les autorités aient voulu pièger Xue via une affaire de prostitution. Il y a une régle non écrite bien connue que les gouvernements piègent leurs opposants avec des scandales sexuels, ou des accusations de fraude fiscale."

L'affaire illustre, en tout cas, la répression accrue sur Internet. Les internautes peuvent désormais être accusés de diffamation, si leurs messages contenant une "rumeur" sont lus par plus de 5 000 visiteurs, ou cités plus de 500 fois. Xue a aussi expliqué que cette loi était "un bon début", et qu'il fallait remettre de l'ordre dans l'univers d'Internet. Et un journal du parti communiste chinois s'en est pris à ceux qui abusent de la liberté du cyber espace pour critiquer le parti et le gouvernement de manière diffamatoire, invitant les internautes les plus connus à diffuser des messages "positifs" et "constructifs".

 

Avant que Xue soit arrêté, un autre activiste de l'internet chinois, Zhou Lubao (28 ans), a lui aussi été interpellé en aout. L'an dernier, Lubao (comme nous l'avions signalé) avait mis en cause, via Internet, le maire de la ville de Lanzhou (plus de 3 millions d'habitants, vue comme l'agglomération la plus polluée de Chine) qui portait des montres de luxe comme une Vacheron Constantin à 24 000 euros, que son salaire lui interdit, naturellement, de s'offrir.

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