Déraillement Espagne : l'entretien téléphonique fatal
Brève

Déraillement Espagne : l'entretien téléphonique fatal

La presse espagnole enchaîne les révélations sur les raisons du déraillement d'un train Alvia, à quelques kilomètres de Santiago de Compostelle, en Espagne le 24 juillet. Le conducteur a été entendu par la police et les derniers instants avant l'accident semblent se reconstituer. Quelques secondes avant le déraillement, il était en effet au téléphone avec celui qui devient le deuxième protagoniste de l'histoire : le contrôleur Antonio Martin Marugan. Les deux hommes auraient dans un premier temps occulté cette conversation téléphonique à la police. Ils ont avoué suite aux révélations des boîtes noires.

C'est une conversation téléphonique qui aurait pu distraire le conducteur de train Francisco José Garzon lorsqu'il arrivait dans le virage fatal, à pleine vitesse. Le contrôleur Antonio Martin Marugan voulait le prévenir qu'en arrivant à Pontedeume (à 90 minutes de là), il devrait se mettre sur la voie la plus proche de la gare pour faciliter la sortie du train d'une famille avec enfants. Selon les informations du quotidien espagnol El Pais, il a ainsi appelé le conducteur, son ami de longue date, sur son téléphone de fonction pour une conversation qui aurait duré moins de deux minutes. Mais ces deux petites minutes ont été les instants les plus importants de la vie du train. La boîte noire confirme que le conducteur arrivait à 184 km/h dans un virage où la vitesse était limitée à 80 km/h. Au moment du déraillement, le train avait réduit sa vitesse et circulait à 153 km/h. Le conducteur a reconnu qu'il avait eu un moment d'inattention et n'avait ainsi pas pu freiner à temps.

El Pais a reconstitué les derniers instants du train. Au premier plan sur la photo: Antonio Martin Marugan : "C'est ainsi que s'est déroulé la tragédie de Santiago"picto

Les conversations téléphoniques sont formellement interdites par le manuel de Renfe, le réseau ferroviaire espagnol, sauf en cas d'urgence, écrit El Pais. Les deux hommes ont dans un premier temps occulté cette conversation téléphonique. Le contrôleur l'aurait même niée. Mais les révélations de la boîte noire les ont conduit à avouer l'échange. Marugan, s'est ainsi expliqué :"J'étais abasourdi, ça n'était pas très important pour l'accident. A aucun moment je n'ai voulu cacher cette conversation, et je suis sûr que Garzon non plus". Les confessions du contrôleur ont fait aujourd'hui la Une des quotidiens espagnols. C'est au tour de Marugan de voir sa photo en première page de tous les sites internet.

La révélation de cette conversation téléphonique pourrait bien expliquer les raisons de l'inattention du conducteur. Selon les calculs du quotidien en ligne El Confidencial, le conducteur aurait été au téléphone pendant 6,4 kilomètres. Une distance importante puisque selon le président de Adif (administration ferroviaire espagnole), Gonzalo Ferre, le conducteur aurait du commencer à freiner 4 kilomètres avant le virage.

Depuis l'accident, les yeux étaient tournés vers le conducteur du train, Francisco José Garzon, et les interrogations se sont succédées sur sa responsabilité dans le sinistre. Il est désormais mis en examen par la police pour "79 faits d'homicides par imprudence". Le Monde écrivait mardi, "la rapidité avec laquelle la responsabilité de l'accident s'est portée sur le conducteur témoigne de l'embarras dans lequel ce dramatique accident a plongé l'Espagne". En effet, le secteur ferroviaire est une "manne économique" pour l'Espagne, et un accident mortel sur les lignes pourrait mettre en danger un appel d'offres que convoite le pays. Il s'agit de réaliser une liaison entre Sao Paulo et Rio de Janeiro au Brésil, un contrat de 15 milliards d'euros. "Il est donc d'autant plus important pour l'Espagne que les responsabilités soient établies le plus rapidement possible", conclut la journaliste du Monde, Sandrine Morel.

Par Mathilde Gracia

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