"D'autres Cahuzac" ? Arrestation et portrait à charge du témoin
Il aura fallu huit jours pour que l'information finisse par sortir : Pierre Condamin-Gerbier a été placé en détention préventive le 5 juillet, deux jours après ses deux auditions en France (devant la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac et devant les juges d'instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire dans le cadre de l'affaire de "blanchiment de fraude fiscale" impliquant la banque Reyl). Son arrestation, révélée par la Tribune de Genève et relayée par Mediapart, fait suite à la plainte déposée par Reyl. Dans un communiqué cité par Mediapart, la banque explique avoir porté plainte pour "vol, falsification de document (faux dans les titres) et violation du secret professionnel et commercial". "On l'accuse en particulier de «service de renseignement économique», autrement dit d'avoir transmis à des tiers des données bancaires", précise la Tribune de Genève. Il risque jusqu'à trois ans de prison. |
Depuis plusieurs mois, Condamin-Gerbier s'était répandu dans la presse pour dire qu'il y avait d'autres Cahuzac. Il avait même assuré connaître l'identité de quinze responsables politiques détenteurs de comptes non déclarés en Suisse. Depuis, seuls trois noms ont fuité sans que l'on sache exactement si ces accusations sont fondées.
L'annonce de son arrestation coïncide avec des précisions sur le parcours du banquier genevois. Si son licenciement de Reyl et sa condamnation pour avoir mélangé "sa carte de crédit personnelle et celle de l'entreprise" avaient déjà été évoqués en avril dans un portrait du Monde, on en sait un peu plus sur cette condamnation. "Le Français s'est «trompé» de carte 192 fois entre le 16 mai et le 27 décembre 2005, pour un montant dépassant les 40 000 francs", précise La Tribune de Genève.
Dans un portrait à charge, Libération affirme que Condamin est un témoin qui "perd du crédit". Le journal dit avoir eu accès à sa condamnation en mars 2006 et précise que "Pierre Gerbier de son vrai nom aurait ajouté «Condamin», le nom de sa mère, pour brouiller les pistes suite à sa condamnation". Libé ajoute également que Condamin serait très endetté : "des registres émis par le canton de Vaud circulent dans les rédactions et évoquent une somme de plus de 120 000 euros". Du côté judiciaire, l'heure est aussi au discrédit. Les 15 noms des responsables politiques ? Il n'en a donné "simplement trois ou quatre et il n’a remis aucun élément probant, relève une source judiciaire citée par Libé. Des documents pas aussi explosifs que ça... En clair, il existe de nombreux doutes sur la crédibilité de ce témoin.»"
Perte de crédit dans Libé
L'occasion de lire notre observatoire : "Condamin-Gerbier et les "autres Cahuzac" : itinéraire d'un multi-témoin"
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