Là bas si j'y suis : Ruffin défend Mermet (Fakir)
Brève

Là bas si j'y suis : Ruffin défend Mermet (Fakir)

Affaire Mermet, suite. Après la publication d'un article très critique sur les conditions de travail au sein de l'équipe de Là bas si j'y suis, l'émission de France inter présentée par Daniel Mermet, l'un des anciens reporters du programme, François Ruffin (fondateur du journal Fakir) apporte un nouveau témoignage pour défendre son ancien patron, tout en restant flou sur les conditions de travail exactes et les salaires. Une défense "à trous" qui intervient au moment où la page Facebook de l'émission a été supprimée, sans doute après la multiplication de nombreux messages critiques.



Le droit social est-il bafoué dans l'émission emblématique de France inter, Là bas si j'y suis ? C'est la question que se sont posés plusieurs auditeurs après la publication, sur le site Article11.info, d'une enquête sur les mauvaises conditions de travail au sein de l'équipe de Daniel Mermet. Ces messages d'inquiétude, les auditeurs les ont postés sur la page Facebook de l'émission, comme l'a relevé Rue89. "Daniel, tu ne ménages pas ceux qui bafouent le droit social. Tu ne peux attendre une quelconque mansuétude sur ce terrain-là de la part de tes AMG, que tu incites à l’insoumission. Alors ? Quid de cet article très documenté – et au passage bien écrit – d’Article11", a par exemple écrit l'un d'entre eux. Résultat ? Rue89 signale que la page Facebook et les 450 commentaires publiés ont été effacés, "selon toute vraisemblance par Daniel Mermet ou un membre de son équipe". Un acte qui illustrerait l'embarras suscité par l'enquête d'Article11. D'autant plus qu'en interne, mais toujours en off, des salariés ont confirmé les critiques à Rue89.

En revanche, Mermet peut compter sur le soutien de François Ruffin, ancien reporter de l'émission et fondateur du journal Fakir. Dans un long texte publié sur le site de Fakir, Ruffin témoigne de ces années de collaboration avec Mermet en en dressant un portrait plutôt positif, sans gommer les faiblesses du personnage.

Mermet ? Selon Ruffin, C'est d'abord un "homme qui vit par et pour la radio, un peu beaucoup à la folie passionnément", quelqu'un doté d'une "rouerie et un culot rares, pour négocier dans les méandres de Radio France, pour défendre son collaborateur, pour y maintenir sa liberté". C'est aussi un patron exigeant, dont les séances d'écoute de reportage sont particulièrement redoutées : "Je m’assieds à côté de lui, et je me sens redevenir enfant, le petit garçon envoyé au tableau et qui ne connaît pas bien sa poésie. Que va dire le maître ? Je suis inquiet, et pas fier de mon inquiétude, raconte Ruffin. Lui souffle, s’impatiente, rature, tapote de son crayon sur la table. Et il n’a pas besoin de crier, à peine de parler, le moindre de ses gestes est ressenti avec une certaine violence (...) D’autant que Daniel, c’est pas le genre à arrondir les angles, à te câliner gentiment, à te materner les reporters fussent-ils débutants. Ses critiques – en général légitimes, tant sur le fond que sur la forme – il te les sert sans prendre de gants. Ça passe ou ça casse".

Ruffin décrit un travail harassant mais passionnant. Quant au management, si "Mermet, à coup sûr, ne sera pas élu « manager de l’année »", Ruffin considère que dans ce milieu, ce n'est "pas le pire taulier". Du coup, l'ancien collaborateur déplore le "lynchage" dont Mermet fait l'objet avec l'enquête d'Article11, car selon lui, si Mermet "a des défauts gros comme lui", il a "des qualités à sa mesure".

Témoignage intéressant mais incomplet. Car Ruffin ne répond pas point par point aux critiques d'autres reporters cités dans l'enquête d'Article11. A commencer par la précarité des collaborateurs, trop mal payés (l'un d'entre eux avait déclaré être payé 850 euros par mois, une autre 700 euros par mois pour un emploi proche du temps plein). Une précarité d'autant plus importante que Mermet est décrit comme un personnage tyrannique, n'hésitant pas à refuser de diffuser des reportages (et donc à payer les pigistes) pour des sujets qu'il a lui-même commandés. De cette précarité, Rufin ne dit mot : les 980 euros qu'il gagnait pour un reportage sont qualifiés de "pactole", et son statut d'intermittent ("1 500 € par mois au bas mot") est perçu comme un "eldorado". Était-ce le même traitement pour tous les collaborateurs de l'émission ?

L'occasion de lire notre observatoire : "Là bas si j'y suis... je n'y reste pas ?"

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