Il y a d'abord eu une plainte et un récit de l'agression. Ce dimanche 19 mai, Mikaël L., un journaliste qui a notamment réalisé un reportage pour Enquête exclusive sur les polices municipales, se trouve aux abords du Palais des congrès de Montreuil avec un ami, en marge d'un festival électro, quand il aperçoit des agents de surveillance de la voie publique (ASVP).
"A la ceinture de certains agents municipaux, Mikaël remarque des bombes lacrymogènes. Le journaliste se doute que ces agents non assermentés n’ont pas le droit de porter ce type d’arme défensive. Il sort son iPhone et prend une photo", racontent Les Inrocks. Problème : Denis Hochard, directeur de la Tranquillité publique de Montreuil s'en rend compte. Une altercation éclate, Hochard réclame que le fichier soit effacé, et devant le refus du journaliste, les ASVP interviennent et plaquent le journaliste au sol. Mikaël L., douze jours après son agression Deux jours plus tard, une dépêche AFP mentionne l'incident et précise que le journaliste porte plainte : "Il souffrait dans la journée de dimanche d'une hémorragie de l'oeil droit et s'est vu prescrire trois jours d'interruption de travail". |
En outre, Hochard l'aurait menacé pour obtenir le code du téléphone afin de pouvoir effacer la photo. Une version contestée par le directeur de la Tranquillité publique, entendu dans le cadre d'une enquête interne diligentée par la mairie de Montreuil. Selon le directeur de cabinet de Dominique Voynet, les agents auraient indiqué avoir été insultés par le journaliste qui les aurait traités de "fachos" et de "milice". Si les agents reconnaissent l'avoir plaqué au sol, ils contestent l'avoir frappé.
C'est donc parole contre parole... jusqu'à l'article des Inrocks.com. Le site publie une vidéo de l'altercation, tournée par l'ami du journaliste avec son téléphone portable. Si les images sont de mauvaise qualité, on entend distinctement les paroles échangées entre le journaliste et celui qui est présenté comme le directeur de la Tranquillité publique. Des images qui confirment plutôt le récit du journaliste Interrogée par Les Inrocks après avoir visionné cette vidéo, Dominique Voynet condamme cette agression : "Cette vidéo est explicite et ces comportements inacceptables en démocratie, c’est évident". |
Elle décide finalement de la mise à pied du directeur de la Tranquillité publique pour "faute professionnelle grave". Décision trop tardive ? Ce n'est pas la première fois que la maire a été alertée des "dérives de son shérif local" selon Les Inrocks. Officiellement, les ASVP sont chargés de verbaliser les infractions de stationnement. Mais sous Voynet, une partie de ces ASVP, dirigée par Hochard, ont élargi leur champ d'action avec des méthodes un peu trop musclées. Jusqu'à la diffusion de cette vidéo, les différentes alertes n'avaient pas eu de suite.
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