Images des tueurs du soldat : offense à Cour ? (Presse GB)
Brève

Images des tueurs du soldat : offense à Cour ? (Presse GB)

Vif débat en Grande-Bretagne autour des images d'assassins présumés La diffusion d'une vidéo tournée par un passant montrant un des suspects (arme ensanglantée à la main) du meurtre d'un soldat dans les rues de Londres est-elle un Contempt of Court (un outrage à la Cour) ? En ne favorisant pas la sérénité des débats au procès, la diffusion de ces images viole-t-elle la loi protégeant un accusé et lui garantissant un jugement équitable ?

Fallait-il diffuser les images des suspects les mains en sang ? C'est la question qui traverse l'Angleterre ces derniers jours. En effet, le 22 mai dernier, deux hommes poignardent et décapitent un soldat en civil dans une rue de Londres vers 14h30, sous les yeux des passants. Puis ils restent sur place et crient des slogans justifiant leur acte. Un passant filme l'un des suspects avec son BlackBerry.

Ed Campbell, responsable de la rédaction de la chaîne ITV News, est le premier à rencontrer ce témoin. Il le ramène en taxi au siège londonien d'ITV News. La chaîne va diffuser la séquence, le jour même, dans son journal de 18h30, ainsi que sur son site Web.

La BBC diffuse aussi, ensuite, cette vidéo. Certains téléspectateurs sont choqués et le font savoir. Au total 800 plaintes sont enregistrées par les deux chaînes et l'autorité britannique de régulation (Ofcom). De plus, une capture d'écran de cette vidéo fait la Une de la presse britannique le lendemain.

Problème : Ce genre de publication est un délit punissable d'une forte amende et deux ans de prison au maximum en vertu du Comtemp Of Court qui vise à assurer la sérénité des procès.

Au-delà des réactions des téléspectateurs, médias, commentateurs et hommes de loi s'interrogent. La diffusion à la télévision et sur le Web d'une vidéo amateur avec le suspect de l'assassinat du soldat, les mains rougies de sang et un couperet de bouchet ensanglanté relève-t-elle d'un outrage à la Cour, en menaçant la sérénité du procès ? Influence-t-elle les les futurs jurés qui décideront du sort des deux suspects ?

Difficile en effet de trouver des jurés qui n'auraient pas vu ces images. De même, on ne peut pas compter sur l'oubli, puisque même si les journaux papier ne seront plus disponibles au moment du procès, l'image reste accessible à tout instant sur le Web.

Le cabinet d'avocats londonien Pannone estime que les médias n'ont pas été corrects dans cette affaire et qu'ils n'auraient pas dû diffuser cette séquence.

Tandis que le Guardian, dans le premier texte de sa page Opinion, tout en reconnaissant qu'il y a un problème (aussi valable pour les vidéos YouTube incitant au Djihad), se prononce en faveur de plus de liberté de publication ("openness").

Reste la question juridique. Techniquement, la loi a bel et bien été violée, puisque les deux hommes étaient déja arrêtés et suspectés lorsque les images ont été diffusées. Mais aucune poursuite n'a été engagée, à ce jour, contre les médias. Pas étonnant puisque la loi établissant le Contempt of Court qui remonte à 1981 est en cours de révision.

Un premier rapport consultatif a été publié en novembre 2012. Le 10 décembre 2012, la Chambre des Lords a accepté un amendement supprimant l'offense à la Cour (par une publication quelconque). Mais il faut que le Parlement (Chambre des Communes) se saisisse du projet et qu'il tranche. Une consultation a été lancée. Elle s'est terminée le 28 février dernier. La Law Commission devrait rendre ses conclusions dans un rapport final qui sera publié à l'été 2014.

D'ici là, d'autres faits divers sanglants, plus ou moins filmés ou photographiés risquent encore de remettre en cause la loi actuelle, devenue caduque avec l'arrivée d'Internet.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.