Sur la convocation de deux journalistes à la DCRI
Brève

Sur la convocation de deux journalistes à la DCRI

Deux journalistes sont convoqués à la DCRI.

Pas de drame: Pierre Alonso et Andréa Fradin, de feu le site OWNI, sont convoqués comme témoins. N'empêche que se répand dans sur le web, et dans la twittosphère, une petite ébullition. Petite, n'est-ce pas. On n'est plus sous Sarkozy, et le moindre frémissement de la DCRI n'est plus soupçonné a priori d'être une tentative de putsch. Ce qui, après tout, est plutôt une bonne nouvelle, puisque cela permet de réfléchir plus sereinement aux enjeux de l'affaire.

Pourquoi nos confrères sont-ils convoqués ? Pour avoir, en septembre dernier, publié en PDF, sur OWNI, un document classé confidentiel défense, à propos de la création d'une plateforme de toutes les écoutes téléphoniques officielles pratiquées en France. Tiens ? Une plateforme de centralisation des écoutes ? On avait raté l'article de septembre. Du coup, on lit, on fouille, on cherche à en savoir plus sur cette plateforme. Efficace ? Chère ? (Apparemment oui). Controlée comment ? C'est le fameux "effet Streisand", déjà expérimenté voici quelques jours, lors de la rocambolesque tentative de la même DCRI de faire supprimer une notice de Wikipedia, à propos d'un centre d'interceptions militaire perdu quelque part en Auvergne, et dont on a appris l'existence à cette occasion.

Le paradoxe de l'affaire, c'est que ce projet de plateforme, comme l'expliquaient eux-mêmes Alonso et Fradin dans leur article de septembre, n'est pas forcément liberticide. Après tout, même si elles n'ont pas bonne presse, il n'est pas illégitime que l'Etat pratique des écoutes (par exemple pour lutter contre l'évasion fiscale), et si la totalité des procédures ayant mené à ces écoutes peut être rassemblée dans un lieu unique, où elles soient "traçables", c'est plutôt un progrès. Disons que ce peut être un progrès. Tout dépend de l'usage qui en est fait, de la manière dont le bidule est contrôlé. Pour être certain que ce soit un progrès, encore faut-il que la presse ait un droit de regard sur ledit bidule. Jusqu'à un certain point, bien entendu. Le droit à l'information se heurte ici au secret de l'enquête, au secret fiscal, à toutes sortes de secrets, légitimes eux aussi. La convocation comme témoins de nos deux confrères est une micro-bataille, dans la grande guerre planétaire, et passionnante, que se livrent le secret d'Etat (encore une fois légitime) et la grande armée hétéroclite des journalistes, (enfin, de certains journalistes), des hackers, des anonymous et des lanceurs d'alerte, et dont la gigantesque ligne de front va de Wikileaks à Offshore leaks, en passant donc par les bureaux de la DCRI. Comme toutes les guerres, il est indispensable, pour tenter de la comprendre, de l'observer à la fois de très près et de très loin, ce qui n'est pas une mince affaire.

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