Accord emploi : suicide d'un salarié de Renault
Brève

Accord emploi : suicide d'un salarié de Renault

Sous pression parce qu'il s'était impliqué dans des grèves contre le projet d'accord compétitivité-emploi,

un salarié de Renault s'est suicidé dans la nuit de dimanche à lundi sur son lieu de travail à l'usine de Cléon (Seine-Maritime), rapporte l'AFP. Agé de 35 ans et père de deux enfants, ce mécanicien qui travaillait de nuit a été retrouvé pendu lundi vers 5h30 sur le site, dans un endroit de l'établissement où il n'y avait plus d'activité. Il avait été embauché en 2000.

Le salarié a laissé deux lettres, dont l'une adressée à sa direction, dans laquelle il dénonce "pression" et "chantage" de la part du groupe. C'est le Monde.fr qui a révélé cette information ce mardi, ayant en sa possession la lettre adressée à la direction. L'ouvrier y écrit : "Merci Renault. Merci ces années de pression, chantage au nuit. Où le droit de grève n'existe pas. Ne pas protester sinon gare. La peur, l'incertitude de l'avenir sont de bonne guerre, paraît-il ? Tu expliqueras ça à mes filles, Carlos", allusion à Carlos Ghosn, le PDG du groupe.

"C'est un secteur qui s'est beaucoup impliqué dans les grèves entre janvier et mars de cette années, contre la mise en place de l'accord compétitivité-emploi", explique Pascal Le Manach, délégué syndical CGT de l'usine, contacté par @si. "Les salariés ont subi alors beaucoup de pression". Pendant des réunions d'atelier, la direction menaçait par exemple les salariés qui travaillent de nuit, donc payés plus cher, de "descendre" en équipe de jour, ce qui aurait entrainé pour eux une perte financière très importante. "On ne peut pas affirmer que le salarié subissait des pressions à titre individuel", précise toutefois Le Manach, contrairement à ce que sous-entendait la dépêche AFP.

Le parquet de Rouen, qui a confirmé la découverte de deux lettres, a précisé à l'AFP avoir ouvert une enquête en "recherche des causes de la mort" à la suite de ce suicide survenu "sur le lieu de travail et pendant les heures de travail".

La direction du site a exprimé mercredi à l'AFP "son incompréhension et sa tristesse" à la suite de ce suicide, soulignant qu'"il n'y a aucun mot pour qualifier ce drame". Le technicien était " très bien évalué par sa hiérarchie", selon l'entreprise, et n'avait "jamais fait l'objet d'aucune sanction pour fait de grève". Il lui avait même été "confirmé par son chef d'équipe" qu'il pourrait continuer à travailler de nuit, selon une porte-parole de l'entreprise.

Le site de Renault-Cléon, spécialisé dans la fabrication de moteurs et de boîtes de vitesse, emploie environ 4 000 salariés dans une ambiance qualifiée par la CGT de "plus en plus difficile", notamment depuis la mise en place de l'accord compétitivité-emploi par M. Ghosn. Parmi ces mesures, le blocage des salaires, ou encore la suppression de 21 jours de congés collectifs, c'est-à-dire appartenant à la direction, et qu'elle posait lorsqu'il y avait une baisse de la production.

Ce n'est pas le premier suicide que connait l'entreprise Renault. Fin 2006, début 2007, trois salariés du Technocentre de Renault à Guyancourt (Yvelines) avaient mis fin à leurs jours – dont deux sur leur lieu de travail. Deux de ces suicides avaient valu à l'industriel d'être condamné pour "faute inexcusable", la justice estimant que la direction n'avait pas pris les mesures nécessaires pour protéger ces salariés.

Retrouvez l'enquête d'Anne-Sophie Jacques sur l'accord national interprofessionnel (ANI), passé sous le radar des médias. L'occasion de revoir aussi cette émission sur les suicides au travail, et notre dossier sur la souffrance au travail.

Mise à jour, mercredi, 19h10, ajout de l'interview de Pascal Le Manach.

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