Les yeux bleus de Diderot
Brève

Les yeux bleus de Diderot

Un article, annoncé à la une du Figaro de ce jour, nous apprend que le célèbre portrait de Denis Diderot par Jean-Honoré Fragonard, celui qui figure dans nombre de manuels scolaires, ne serait pas celui de Diderot :


La découverte a été faite, ô coïncidence, alors que ce portrait venait tout juste d'être accroché aux cimaises du Louvre-Lens qui sera inauguré le 4 décembre prochain, avant d'ouvrir ses portes au public le 12. Le hasard fait bien les choses. "Nous avons dû corriger sur les épreuves au tout dernier moment", confie au Figaro Vincent Pomarède, responsable des peintures du musée. Ouf ! On est passé près d'une catastrophe ! Vite vite, parlons-en dans les gazettes et commandons du rab de champagne pour l'inauguration.


Or donc, qu'en est-il de ce Diderot peint par Fragonard vers 1769 qui ne serait plus un Diderot mais toujours un Fragonard ?

Denis Diderot par Jean-Honoré Fragonard, vers 1769


Une feuille, découverte le 1er juin dernier lors d'une vente publique à Drouot, montre dix-huit croquis de portraits dont treize représentent des portraits connus exécutés par Fragonard. Tous sont clairement légendés, sauf le Diderot au-dessous duquel figure "l'inscription manuscrite d'un nom « illisible mais qui ne peut en aucune manière être déchiffré comme celui de Denis Diderot », assure Vincent Pomarède" au Figaro.

Du coup, on s'est souvenu au Louvre que le Diderot de Fragonard a les yeux bleus alors que nous savons qu'il les avait en réalité bruns, comme nous le montre cet autre portrait réalisé par Louis-Michel Van Loo en 1767 :

Denis Diderot par Louis-Michel Van Loo, 1767


Et voilà, l'affaire est réglée, le Diderot de Fragonard n'est pas le portrait du-vrai-Diderot-aux-zyeux-marron mais celui d'un illustre-inconnu-aux-zyeux-bleus.

Un inconnu qui, cependant, ressemble très fortement aux multiples portraits de Diderot sculptés par Jean Antoine Houdon entre 1771 et 1775. Lequel s'est bien gardé de peindre les yeux…

Denis Diderot parJean Antoine Houdon
terre cuite, 1771
Musée du Louvre, Paris
Denis Diderot parJean Antoine Houdon
marbre blanc, 1773
Metropolitan Museum of Art, New York City

 

Denis Diderot parJean Antoine Houdon
marbre blanc, 1775
Musée du Louvre, Paris
Denis Diderot parJean Antoine Houdon
marbre, 1775
Château de Versailles

 


Et si Fragonard avait pris cette liberté de ne point respecter la couleur des yeux de Diderot ? Ce ne serait pas très étonnant, de la part d'un peintre qui avait l'habitude d'accommoder la réalité à sa convenance.

Bon mais c'est pas tout ça, l'inauguration approche à grand pas, on commande des boudoirs pour accompagner le champagne ?


Mise à jour de 14h35
La Tribune de l'art avait déjà parlé, en juillet dernier, de cette feuille de dessins de Fragonard où l'on peut voir écrit, sous le portrait de Diderot, un nom différent. C'est par là.


L'occasion de lire ma chronique intitulée Baisers volés dans laquelle il est largement question de Fragonard.

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