Panique chez les amis Facebook
Brève

Panique chez les amis Facebook

Panique chez les amis, et les amis des amis.

En pleine après-midi de lundi, la France connectée s'est arrêtée. La rumeur s'est propagée: certains messages privés de Facebook, datant des années 2009, avaient été rendus publics. Horreur et introspection: que faisais-je d'inavouable, en 2009 ? Et tout ce que le monde compte de connectés à Facebook de se précipiter sur les années précédentes de son "mur", à la recherche des messages ainsi publiés. Et les médias les plus sérieux d'affirmer recueillir "de nombreux témoignages" en ce sens. Et de multiplier les conseils pratiques, sur le thème "comment effacer vos anciens messages". Que personne, tout au long de ces heures, n'ait été capable de produire un seul message prétendument privé, publié par erreur, n'enraya pas l'emballement. Ni n'empêcha le vaillant gouvernement français d'accourir à la rescousse: ce matin, tagada tsoin tsoin, le duo de choc Montebourg-Pellerin somme Facebook de s'expliquer, toutes affaires cessantes.

Et si ce n'était rien ? Pour 20 Minutes, premier média à avoir mené une contre-enquête, sous la plume du correspondant à Los Angeles Philippe Berry, il n'y a pas de bug. Simplement, en cette période préhistorique des années 2009, on tâtonnait entre messages publics et privés: certains messages que les pionniers de Facebook croyaient privés, ne l'étaient pas -il n'est d'ailleurs pas certains qu'on soit beaucoup plus affûtés aujourd'hui. A cette confusion rétrospective (c'est déjà si loin, 2009 !) s'ajoute le "biais de conformité", si bien décrit par Sébastien Bohler dans notre dernière émission, à propos du poids et de la taille d'un certain nouveau téléphone: puisque des sources aussi sérieuses "qu'un ami d'une journaliste", ou "une journaliste de TechCrunch" m'expliquent que mes anciens messages privés sont visibles, je vais forcément finir par "voir" d'anciens messages privés sur mon propre mur, même s'ils n'y sont pas. Même dans la panique, rester avant tout "un animal social".

S'il se confirme que l'alerte était fausse (restons prudents), on peut espérer qu'elle constituera un électrochoc, pour toute une génération de jeunes journalistes, en leur montrant qu'une collection de "témoignages" emballés dans le même sens, ne constitue pas une vérité. Quoi de neuf, au fond, depuis les paniques moyenâgeuses, et la rumeur d'Orléans, dans les années 60 ? Rien. Strictement rien, sinon la rapidité de la propagation de l'emballement, et du démenti. Et la réaffirmation de la nécessité de cette fonction sociale oubliée, et décriée: le journalisme.

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