Libé publie les enregistrements Merah
Brève

Libé publie les enregistrements Merah

Libération publie

sur son site "173 pages de transcription" des enregistrements entre Mohamed Merah et les négociateurs de la police.

Les négociations se sont déroulées alors que Merah, qui vient de commettre sept meurtres, est encerclé chez lui par la police, le 21 mars. La semaine dernière, Libé avait déjà publié quelques extraits de retranscriptions, de même que Le Monde, le lendemain de la diffusion sur TF1 d'extraits audio de l'enregistrement.

Ces conversations ont été enregistrée sur un Iphone. Nous parlions ici du cheminement de cet enregistrement, et la journaliste de Paris Match Delphine Byrka indiquait qu'il existait 187 pages de retranscription écrite. Libé en publie aujourd'hui 173. "Nous avons simplement expurgé deux passages qui nous paraissaient particulièrement choquants par respect pour les familles des victimes", précise le journal, qui souligne également : "Libération ne cautionne évidemment pas les diatribes antisémites et violentes de Mohamed Merah."

Dans son éditorial, Demorand précise pourquoi Libé a choisi de publier ce document : il "dissipe une part de l’épais brouillard qui continue à entourer l’affaire", estime-t-il. Il souligne sa "perplexité absolue devant le ratage des services français mais aussi étrangers. (...) L’arsenal antiterroriste mondial, qui s’est payé au prix du recul de nombreuses libertés publiques, est-il une passoire ? Et la DCRI une boîte noire ? Quand on compare le luxe de moyens mis en œuvre pour surveiller une épicerie à Tarnac et l’amateurisme qui a entouré le suivi de Merah, une évaluation sereine et sérieuse du renseignement français devient urgente. Les socialistes au pouvoir en auront-ils le courage ?"

Outre ses sept assassinats, Mohamed Merah décrit sa conversion à l’islam en prison, ses voyages en Afghanistan et au Pakistan, qui n’avaient rien de "touristique", ses "ruses" de "guerre" pour tromper les services de renseignement et la police, ainsi que son parcours de jihadiste solitaire en quête d’un réseau d’Al Qaeda pour le former et l’adouber.

Un échange par radio

, et non par portable

Une question semble résolue à la lecture des transcriptions : Merah et les négociateurs échangent bien au moyen de talkie-walkie et non de téléphones portables. Sur son blog, le journaliste Frédéric Helbert avait pointé un passage, entendu sur TF1, dans lequel le négociateur disait à Merah : "On laisse notre portable ouvert, si tu veux nous appeler." Et demandait : "T’as de la batterie toi encore?". Pour Helbert, pas de doute, cela voulait dire que Merah parlait au négociateurs au moyen d'un portable, ce qui contredisait la version officielle qui fait état d'échanges au moyen de talkie-walkie. La précision n'était pas anecdotique, puisque la défense du père de Mohamed Merah se fonde notamment sur cet élément, pour affirmer qu'il y aurait des enregistrements effectués par Merah lui-même au moyen de son portable, qui prouveraient son innocence. Mais ces enregistrements, bien qu'évoqués par l'avocate du père de Merah, n'ont toujours pas été montrés au Parquet.

Or, dans les retranscriptions publiées sur Libé, on peut lire plusieurs extraits où il est question d'échange par "radio" :

- Le négociateur : "Bon écoute là, le, le patron du RAID en personne qui est venu pour tout superviser, il a tenu parole. Il a donné gain de cause, il a pas voulu ouvrir le feu, il t’a donné la radio."

Ou encore à un autre moment :

- MOHAMED : "Si j’ai bien fait mes devoirs donc t’as vu, moi je me rendrai aujourd’hui mais je précise pas l’heure. Donc moi je m’engage. J’ai tenu parole. J’ai pris la radio sans ouvrir le feu, (...)"

- MOHAMED : (...) si ça coupe on fait comment?

- NÉGOCIATEUR DCRI : "Euh, ben si ça coupe tu, ben tu parles à la, à la porte là, tu gueules bien fort comme ça on t’échange la radio. D’accord? OK?"

A un autre moment de l'échange, Merah demande lui-même à ce que les négociateurs lui donnent un portable :

- MOHAMED : Franchement, au lieu d’envoyer des talkie-walkie à chaque fois là, pourquoi vous envoyez pas un téléphone portable bloqué à une certaine ligne ou un téléphone qui a pas de crédit de communication?

- NÉGOCIATEUR DCRI : Ben parce que pour l’instant, ce matin quand ça s’est passé on n’a pas eu l’occasion d’en trouver et bon là pour l’instant le, le canal passe bien, ben on continue comme ça. Attends en plus ça coûte cher un téléphone, faut en trouver un, faut trouver la puce et tout, faut le recharger. (...)

Et les négociateurs emploient aussi le terme de "batterie" pour parler de la radio :

- NÉGOCIATEUR RAID "Tu as toujours là ce problème de batterie pour, (…) c’est brouillé, on entend plus. (…) Pas possible là…) Y a un problème, il faut qu’on récupère la radio que t’as."

Merah détenait-il lui-même un portable au moment de ces échanges ? Il affirme que c'est le cas, mais qu'il l'a laissé dans sa voiture. Impossible d'en savoir plus.

Qui a transmis ces enregistrements aux médias ? Dans notre enquête, nous soulignons que les sources de TF1 et des journaux pourraient bien être différentes.

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