Présidentielle Mexique : les sites d'info ont débarqué (Nieman Lab)
Brève

Présidentielle Mexique : les sites d'info ont débarqué (Nieman Lab)

Au Mexique, le candidat conservateur Enrique Peña Nieto a remporté hier l'élection présidentielle. Grand favori, il a bénéficié d'un soutien sans faille de la part des médias traditionnels mexicains. Un rapport au pouvoir de plus en plus critiqué par la population. Selon le Nieman Journalism Lab (institut de recherche sur le journalisme de l'Université Harvard), la campagne électorale a permis l'émergence de nouveaux acteurs dans l'espace médiatique mexicain : les médias en ligne.

Après 90 jours de campagne électorale, Enrique Peña Nieto, le candidat du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI) a largement remporté l'élection présidentielle au Mexique. 90 jours de campagne pendant lesquels les médias se sont imposés comme l'un des principaux enjeux, selon le Nieman Journalism Lab : "Alors que les médias traditionnels sont confrontés à des scandales et une perte de confiance, une nouvelle génération d'organes de presse numérique essayent de combler le vide".


Les groupe de presse traditionnels, et plus particulièrement le géant de la télévision privé Televisa, ont été vivement critiqués pendant la campagne pour leur soutien affiché au PRI. Dans un article paru le 26 juin, The Guardian révèlait que le réseau Télévisa avait mis sur pied une "unité secrète", destinée à promouvoir la campagne de Peña Nieto : "Le plus grand réseau de télévision du Mexique a vendu à certains éminents politiciens une couverture favorable dans ses bulletins de nouvelles et ses émissions de divertissement, et a utilisé les mêmes programmes pour salir un chef de file de gauche populaire, comme le démontre des documents vus par The Guardian."

Le quotidien britannique poursuivait : "Ces documents, qui regroupent des dizaines de fichiers informatiques, ont fait surface à peine quelques semaines avant les élections présidentielles du 1er juillet, et coïncident avec l'apparition d'un mouvement énergique de protestation accusant Télévisa de manipuler sa couverture et de favoriser le candidat de premier plan, Enrique Peña Nieto."


plateforme citoyenne, journalisme de données et infographies interactives

Un faible soutien de la population envers les médias traditionnels qui a permis l'émergence d'une nouvelle concurrence, selon le Nieman Journalism Lab. Une génération de presse en ligne aurait changé "la façon dont au moins une partie des Mexicains se sont tenus informé sur les élections". Animal Político ADN Político et SinEmbargo en sont les plus grands acteurs. Au cours des 18 derniers mois, ils ont atteints des consultations de l'ordre de 900 000 à 1,3 millions de visiteurs uniques par mois. Selon Gabriela Warkentin, spécialiste en communication à l'Universidad Iberoamericana (Mexique), ces nouveaux médias fournissent des reportages de fond et de l'investigation, publient rapidement, et mettent à jour leurs informations de façon plus souple. Cependant, leur portée est beaucoup moins importante qu'un réseau comme Televisa - un tiers du Mexique n'a pas encore accès à internet.

Ces trois sites ont innové sur le format : Animal Politico en misant sur les médias sociaux et les plateformes citoyennes, ADN politico, en investissant dans le journalisme de données, et Sinembargo, avec des graphiques interactifs.

Différence dans le contenu, mais aussi dans la forme :"Il y a des journaux où le journalisme n'est pas la priorité, car ils ne dépendent pas de leurs lecteurs. Une majorité scandaleuse de journaux vit de fonds publics", déplore Daniel Moreno, rédacteur en chef de Animal Politico. Ces 3 pure players sont financés par des investisseurs qui n'ont pas de liens avec des partis politiques. Aucun site n'a renseigné le Nieman Journalism Lab sur le montant de financement initial, mais tous trois ont affirmé que l'investissement de soutien se poursuivra jusqu'à ce qu'ils atteignent le seuil de rentabilité. "Si un homme politique veut dicter le contenu en échange de publicité, nous n'en voulons pas. Etre indépendant éditorialement pourrait vous apporter des conséquences économiques immédiates, mais cela assure une durabilité", déclare Abello d'ADN Politico.

Révolution journalistique? Léon Krauze, chroniqueur à SinEmbargo, modère : "Je ne pense pas qu'il existe du journalisme en ligne innovant au Mexique", dit-il. Le journaliste ajoute cependant que la simple présence d'une plus grande diversité de l'information est "rafraîchissant". "C'est le début d'un phénomène qui est là pour rester." Un phénomène qui devra se reconvertir, pour subsister, conclut l'article du Nieman Journalism Lab : "Le plus grand défi débutera lundi, quand ils vont faire face à la même question que les sites politiques américains : comment maintenir l'intérêt - et les recettes - une fois le cycle électoral terminé?"

(Aude Garachon)

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