Baisse d'effectifs / fonction publique : Le Figaro avait raison
Nouveau tour de vis pour le Parisien, avis de rigueur sur le site de TF1, sévères économies pour Lemonde.fr ou encore – palme du jeu de mot – invention de la ponction publique pour Libération, la presse ce matin retient avant tout l’annonce de la réduction du nombre de fonctionnaires dans les ministères non-prioritaires. Objectif: une baisse de 2,5% des effectifs. Soit le chiffre annoncé la semaine passée en Une du Figaro, démenti par François Hollande à Rio, à demi-mot par Jean-Marc Ayrault et Jérôme Cahuzac et pas vraiment par Michel Sapin comme le racontait Sébastien Rochat dans un article à lire ici.
Le Figaro peut bicher, son scoop était donc vrai. Il y aura bien une baisse de 2,5% des effectifs dans les ministères non prioritaires. Seule inconnue : Le Figaro assure toujours que cela correspond "peu ou prou" au non-remplacement de deux fonctionnaires sur trois partant en retraite (plus que sous Sarkozy). Un calcul du Figaro contesté par Libération, pour qui les efforts demandés par Hollande seraient plutôt "comparables" à ceux imposés par Sarkozy. Difficile de trancher sur cette question donc, puisque le gouvernement ne donne que le chiffre de -2,5%.
En revanche, la lettre de cadrage donne une nouvelle information : les ministères prioritaires censés ne pas être concernés par la réduction du nombre de fonctionnaires le seront tout de même. Selon Matignon, la baisse portera "sur l'ensemble des ministères, y compris sur les ministères qui interviennent dans un domaine prioritaire pour leurs emplois situés en dehors de ce champ". Autrement dit, décrypte-ton au monde.fr, le ministère de l'intérieur – ministère prioritaire dans ses missions de police – devra tout de même couper dans ses effectifs, dans les préfectures par exemple." Pour Libé, c’est "un distinguo subtil pour bien signifier qu’il n’existera aucun sanctuaire." Cela dit, Le Figaro précise que ce n'est pas une surprise et que cette baisse est plus que logique : "cette norme est nécessaire pour tenir compte des doubles promesses de campagne de François Hollande : accroître de 65.000 en cinq ans les effectifs dans l'Éducation et la sécurité, tout en maintenant les effectifs constants dans l'ensemble de la fonction publique à la fin du quinquennat." |
Le ministre du travail Michel Sapin tiendra le même discours ce matin sur I-télé (repris par Le Parisien) en réfutant qu’il s’agisse d’une "saignée" : "ce n'est pas un tournant car c'est très exactement ce qui a été dit pendant la campagne". François Hollande avait dit : «nous n'avons pas les moyens d'augmenter le nombre de fonctionnaires en France». Quand on a une priorité quelque part, ça veut dire que dans les autres secteurs, on diminue les effectifs. C'est quand même simple à comprendre et je crois que les Français le comprennent très bien."
Ce qu’on comprend moins bien en revanche, c’est le démenti de la semaine dernière. Selon une source du monde.fr, certains proches de Cahuzac réfutaient en bloc les infos du Figaro : "ces informations sont complètement fausses, elles n’ont aucun sens et nous ne savons pas d’où elles sortent. Nous ne travaillons pas du tout sur ces bases pour l’élaboration du budget 2013".
Alors? Libé livre son hypothèse : "pendant que Jean-Marc Ayrault donnait à Paris le «la» de la nouvelle rigueur de gauche, débutait à Bruxelles un sommet crucial pour l’avenir de la zone euro. Et pour Angela Merkel et la Commission européenne (…) la poursuite de la maîtrise de la dépense publique est un geste qui arrive à point nommé. Un timing bien pensé qui contraste avec le cafouillage de la semaine dernière lorsque le gouvernement avait été pris de court par les révélations du Figaro. Tout était donc vrai sauf que le moment n’était pas le bon."
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