Trop d'applaudissements pour Aung San Suu Kyi ?
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Trop d'applaudissements pour Aung San Suu Kyi ?

Le rôle des journalistes est-il d'acclamer la figure de l'opposition birmane Aung San Suu Kyi, qui est passée par la France ces derniers jours ? Jacques Follorou, journaliste responsable du service "Asie" du Monde

estime que non. Il l'a dit hier au cours d'un tchat sur le site du journal, hier, où il signale que la lauréate du prix nobel de la Paix n'est pas la seule figure d'opposition en Birmanie.

Tournée européenne triomphale pour la nouvelle députée Aung San Suu Kyi.L'opposante birmane a commencé le 13 juin dernier son périple en Suisse, avant de s'envoler pour Oslo, pour recevoir son prix Nobel (attribué en 1991 mais jamais remis, la birmane étant retenue en résidence surveillée).

A chaque étape, celle-ci est ovationnée, et applaudie pour son combat pendant ses 15 ans de détention par la junte birmane. Applaudie, même par les journalistes. Son étape française n'a pas fait exception. En conférence de presse à l'Elysée, tout le parterre de journalistes a chaleureusement applaudi l'icône à la fin de son discours croisé avec François Hollande.

Durant la matinale de France Inter, c'est au tour de Patrick Cohen de célébrer l'opposante birmane. "Je vais d'abord faire quelque chose que je n'ai jamais fait en studio de radio face à une personnalité politique...

Je vais demander qu'on vous applaudisse." picto

Selon Jacques Follorou, journaliste "Asie" au Monde, cettte idôlatrie est parfois déplacée, surtout de la part des journalistes : "Il n'est pas totalement inconcevable que les démocraties occidentales saluent l'avènement d'une forme de liberté, même si c'est très loin de leurs frontières, convient le journaliste. Néanmoins, je concède bien volontiers que les manifestations journalistiques ou politiques d'adulation me paraissent parfois déplacées au regard de la réalité des enjeux."

Follorou en apelle à l'objectivité journalistique. "On ne peut pas sous prétexte d'être en admiration, faire l'abandon d'un esprit critique, y compris au sujet de cette grande dame. Elle est aussi engagée des des jeux de pouvoir politiques tout à fait classiques. Sa tournée européenne est à la fois la matérialisation de la transition démocratique birmane, mais elle est aussi le moyen pour le prix Nobel 1991 de capitaliser à l'extérieur un poids politique qui lui est nécessaire pour s'imposer sur la scène intérieure birmane."

Le journaliste rappelle aussi que Aung San Suu Kyi n'est pas non plus la seule figure de l'opposition en Birmanie. "Il existe en Birmanie aujourd'hui d'autres opposants tout aussi légitimes, qui ont tout autant souffert de la junte birmane, qui entendent exprimer une autre vision de l'opposition, qui peuvent porter d'autres projets qu'elle. Mais ceux-ci sont inconnus à l'étranger, et à ce titre, invisibles. C'est pour cette raison qu'il faut s'abstenir, surtout quand on est journaliste, de l'applaudir avant de lui poser des questions."

(Aude Garachon)

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