Warren Buffet croit aux journaux locaux, payants (Daily Beast)
pourquoi et comment la presse écrite peut être un investissement d'avenir.
Quand Warren Buffet flaire un bon coup sur un secteur, il ne fait pas semblant. Le milliardaire a investi 142 millions de dollars le mois dernier pour racheter 63 journaux du groupe Media General. Il aurait déjà mis sur la table 300 millions de dollars l'an dernier pour investir dans le secteur, selon une dépêche AFP du 10 juin. En novembre 2011, il avait aussi fait l'aquisition de The Omaha World-Herald, journal de sa ville d'origine, pour 200 millions de dollars. Un investissement qui reste marginal pour Berkshire Hathaway, la holding de Warren Buffet, comme il l'explique au Daily Beast : "Si c'était dans le secteur des widgets, je ne le ferais pas. Ce que vont nous rapporter nos journaux sera négligeable par rapport au rendement de Burlington Railroad [une compagnie de chemin de fer], par exemple. Mais financièrement, ce n'est pas une décision absurde." Celui que l'on appelle "l'oracle d'Omaha" n'a pas pour habitude d'investir son argent de façon déraisonné. Adepte des coups de maîtres sur les marchés financiers, Warren Buffet fait confiance à son sens des affaires. Le businessman a fait fortune en en investissant dans des entreprises sous-évaluées avec un bon potentiel de croissance à long terme. Buffet n'aurait "aucune arrière-pensée", selon Daily Beast. "Il croit en l'avenir des journaux". |
Investir dans les journaux : oui, mais sans reproduire les erreurs du passé. Propriétaire du Buffalo News, et actionnaire de la Washington Post Compagny, Buffet concède qu'il s'était trompé sur la stratégie à adopter au démarrage du net. "Je pense que nous avons fait une erreur quand nous avons proposé gratuitement une version en ligne, admet l'investisseur. Je pouvais être ici à Omaha et payer 5 dollars pour The Sunday New York Times, ou juste le lire en ligne. Ce n'est pas un modèle commercial viable".
C'est aussi pourquoi le multimilliardaire choisit d'investir dans les journaux locaux. Selon lui, les titres doivent desservir des petits marchés où "le sentiment d'appartenance à une communauté est plus développé". Buffet ne souhaite pas devenir acquéreur de journaux de villes trop importantes. "Ce n'est pas vraiment facile d'avoir un esprit de communauté à Los Angeles", explique-t-il. Ils ne s'intéressent sans doute pas beaucoup au conseil municipal, et ils ne vivent pas dans la même paroisse que leurs parents. Ils ne s'intéressent pas non plus au basket lycéen."
Cette initiative intervient alors que le journal Times-Picayune de la Nouvelle-Orléans vient de décider de réduire sa parution à trois jours par semaine, à compter de septembre prochain. Une mauvaise idée pour Buffet : "Ne paraître que trois jours par semaine, c'est la mort assurée. Il faut que les gens vous voient tous les jours... Dès qu'ils sont habitués aux versions en ligne, ils ne reviennent plus."
Avec cette affaire, Buffet ne souhaite pas perdre de l'argent : "Il n'est pas question qu'ils restent déficitaires. C'est l'argent des actionnaires qui est en jeu." Il n'ambitionne pas non plus de s'immiscer dans la politique éditoriale des journaux : "Ce n'est pas moi qui vais diriger ces titres. Je ne tiens pas à connaître les noms des rédacteurs en chef des plus petits d'entre eux."
(Aude Garachon)
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