Grèce-Allemagne : la presse s'enflamme
La presse grecque et allemande s'échauffent à quelques heures du quart de finale de l'Euro de football 2012, qui oppose les deux pays par le hasard des qualifications. Encore une fois, les enjeux politiques se retrouvent sur la pelouse.
"Ruinez-les", clame le magazine grec Sport Day : "Nous ferons comme en 2004. Nous avions remporté l'Euro et le pays entier faisait la fête, c'était bon pour l'économie !" A la une de tous les magazines sportifs grecs aujourd'hui, le nationalisme est poussé à son paroxysme.
Le quotidien Goal est là pour rappeler que l'enjeu ne concerne pas seulement le ballon rond : "Pendant 90 minutes, il n'y a ni pauvre, ni riche". Quant au journal Protaflitis, l'allusion à la chancelière Angela Merkel s'avère cinglante."Samara, ( le nom d'un joueur) déchire lui son memorandum !".
Un autre quotidien sportif, Derby News...
choisit comme image de couverture un hoplite devant le drapeau national. En commentaire : "Fermez leurs bouches (comme nous disions en 2004) avec la puissance du guerrier grec".
Les journaux sportifs ne sont pas les seuls à s'exalter sur l'enjeu du match. Le journal de centre-gauche Ta Nea publie un encadré opposant le visage de deux supporters, l'un grec, l'autre allemand. "Grèce - Allemagne. 11.000.000. VS 11" (référence à la population grecque, opposée aux 11 joueurs allemands). Pour le journal, ce soir, tout le pays se tiendra contre l'équipe allemande. Signalé par Courrier International, les propos envers la Chancelière allemande sont sévères. "Elle n'a pas pu s'empêcher, écrit Ta Nea. La chancelière allemande devait s'en mêler. Non seulement elle a annoncé sa présence lors du match, mais elle a aussi invité le nouveau Premier ministre Samaras à venir la rejoindre à Gdansk ! (...) Il est donc difficile de séparer le sport de la politique malgré la bonne volonté", conclut le journal.
L'allusion politique dans le titre de la une du quotidien To Ethnos est aussi explicite : "Gagner le mémorandum contre l'Allemagne".
"Ecraser les Grecs"
Du côté allemand, l'exacerbation du sentiment nationaliste est aussi notable. Le quotidien populaire et populiste Bild, bien connu pour ses dérapages contre la Grèce, titre en Une : "Salut les Grecs. Aujourd'hui, on ne va pas vous sauver". Le journal sportif Kicker reste dans le commentaire sportif virulent : "Nous allons écraser les Grecs." Le quotidien régional Rheinsiche Post reprend aussi l'événement en page de couverture : il caricature quatre joueurs allemands marquant une faille devant un mur grec, indiquant "Quatre contre le mur grec". En dessous, le journal titre " Gauck ralentit le plan de sauvetage européen", en faisant référence au report par le président allemand Joachim Gauck de la ratification du plan de sauvetage européen. (Et la mise en page du journal prête à confusion sur le sujet abordé...)
Le quotidien Der Tagesspiegel tente lui de calmer le climat de défiance entre les deux pays, et rappelle l'essentiel :
"C'est seulement... un jeu."
(Aude Garachon, traductions Dimitris Boutos )
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