Les reliques de l'Elysée
; sa capacité de décision; sa capacité de faire souffrir ses anciens amis (signe incontestable de présidentialité); son futur premier ministre; ses futurs ministres; ses futurs non ministres; le programme millimétré de sa journée: à entendre les radios du matin se pourlécher à l'avance du programme de la "journée de passation" de Sarkozy à Hollande, à contempler les bandes-annonces que diffusent les chaînes publiques et privées depuis quelques jours (suivez la passation chez nous, pas chez le voisin, on sera tellement meilleurs!) on ne sait ce qui l'emporte dans la bulle médiatique, entre l'excitation de frôler l'Histoire, d'entrer dans les archives futures, et un amour irrationnel envers l'apparat, le décorum, de la République.
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Dans la polyphonie médiatique, s'entendent les accents enamourés de la comtesse en pâmoison devant sa relique sublime. Le poids de la dette, la voracité aveugle de la finance internationale, l'ascension vertigineuse des "pays émergents", comme on dit encore, ont réduit la splendeur de la République française à l'ombre de ce qu'elle fut. Les centres de pouvoir ont basculé. De la mythologie de la Ve République, ne se voient plus que les boursouflures anachroniques. Mais une poignée de journalistes français continue à se crever les yeux sur les splendeurs du tapis rouge de l'Elysée, comme une courtisane sur un souvenir de splendeur.
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