Calvi, Aphatie, et le compotegate
Brève

Calvi, Aphatie, et le compotegate

Retour aux classiques. Or donc, au soir d'une journée chargée

, François Hollande, président virtuel, se rendit à la supérette pour acheter de la compote. Un photographe était là. Les photos se retrouvèrent dans Voici et VSD. Sur RTL, Aphatie et Calvi ne vont pas laisser passer le premier compotegate du quinquennat (d'autant que photographes et intervieweurs travaillent pour le même groupe, Bertelsmann). "Alors, Monsieur Hollande, comme ça, vous posez au supermarché ?" Ah non. Qu'il ne soit pas dit que "moi président normal", j'ai posé. Le photographe était là, il l'a suivi, voilà tout. Les photos sont donc purement hollandiennes: ni vraiment posées, ni vraiment volées. "Je fais mes courses", proteste Hollande. Puis, magnifique de résolution gaullienne: "Et je ne laisserai personne les faire à ma place". S'enhardissant dans la confidence: "Je suis attaché à une marque, du Lot. Avec des morceaux". Les interviewers: "Et si vous êtes élu, vous les ferez lundi ?" "Oui, s'il n'ya plus rien dans le frigidaire". Moi président de la République, j'achèterai donc ma compote seul.

Le ministre, ou le président faisant ses courses, ou vivant une vie quotidienne "comme la nôtre", est un grand classique de la fiction républicaine. C'est une fiction communément admise par les citoyens. Elle bénéficie d'une tolérance. On sait que ce que l'on voit n'est pas le réel, mais ces images, comme une drogue douce, consolent une vague douleur. Elles soutiennent à basse intensité la fiction du "tous égaux devant le cabas à poireaux". Jusqu'au moment où elles se fissurent, et craquent. Si vous êtes sages, petits enfants du peuple de gauche, je vous raconterai un jour comment la fiction mitterrandienne, qui débuta, au son des flûtiaux, dans une bergerie du pays basque, au milieu des arbres et des ânes, se termina par les super-gendarmes, et les écoutes de l'Elysée.

A partir de lundi, les mêmes médias qui, se soumettant à l'agenda sarkozyste, même quand ils le combattaient, nous ont raconté, pendant cinq ans, une histoire de cauchemar et de tempêtes, tourneront, toujours au son des flûtiaux, les premières pages d'une autre histoire, celle d'un retour à la normale. Elle sera plaisante. Elle nous reposera. Elle nous bercera, comme les contes pour enfants. Mais elle exigera autant de vigilance que l'histoire précédente.

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