L'Europe est-elle devenue pro-Hollande ?
Brève

L'Europe est-elle devenue pro-Hollande ?

L’UE vote-t-elle Hollande ? Après avoir affirmé lundi que de nombreux responsables européens souhaitaient le départ de Sarkozy, Jean Quatremer, correspondant à Bruxelles de Libération, estime aujourd'hui qu’ils sont tout aussi nombreux à être séduits par Hollande. Le quotidien en fait même sa couverture du jour. Pourtant, les recettes de croissance de Hollande et de la BCE sont bien différentes. Et Libé ne le rappelle pas.

Hollande, chouchou de Bruxelles ? Au-delà du jeu de mots de la Une, l’article signé par Jean Quatremer en page 2 de Libé est clair : la position de Hollande, qui souhaite ajouter la question de la croissance au nouveau Traité européen, a fini par séduire des responsables européens pourtant conservateurs et libéraux. Ce mouvement a été enclenché mercredi suite à l’audition de Mario Draghi devant la Commission européenne. L’austère président de la BCE s’est fait remarquer en se positionnant pour un pacte de croissance, justement réclamé par Hollande.

Même si l’institution financière a affirmé quelques heures après que Draghi n’avait pas "changé son message", le mot croissance était prononcé. Hollande s’en est félicité, tout comme de nombreux responsables européens, affirme Quatremer. Il cite notamment Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe : "Il est évident qu’il faut compléter la politique européenne par une stratégie de croissance. Ce n’est pas nécessairement une affaire de traité, mais c’est une affaire à traiter."

La chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre italien Mario Monti ont eux aussi reconnu que la croissance était nécessaire.

En fait, tout le monde s’est félicité de cet appel à la croissance : même l’UMP, dans un communiqué qui ne doute de rien, affirme que "la déclaration de Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne, répond en écho, mot pour mot, à l’appel de Nicolas Sarkozy, lancé lors du discours de la Concorde, le 15 avril dernier. Le Président de la République avait indiqué son souhait de mettre en place un pacte pour la croissance qui vient de recevoir le soutien de la BCE."


Il y a autant de croissances que d'interlocuteurs

Le souci, c'est que tout le monde n'a pas les mêmes idées pour faire venir la croissance. Et que chacun tire la couverture à soi, d'autant plus facilement qu'il y a, comme le résume assez bien cet article paru sur le site de la RTBF, autant de croissances que d’interlocuteurs. La recette de croissance à la sauce hollandaise, décrite à la fin de l’article de Quatremer, se décline autour de "la création de «project bonds», emprunt européen gagé sur le budget communautaire destiné à financer des projets européens, l’instauration d’une taxe sur les transactions financières, l’accroissement des moyens de la Banque européenne d’investissement ou encore le déblocage des aides régionales non utilisées." Et Quatremer d'assurer que ces propositions n'ont surpris personne car elles "sont déjà discutées depuis de longs mois et soutenues par la gauche européenne, mais aussi par une partie des libéraux et des conservateurs."

Pourtant, la croissance selon Draghi est bien différente, affirme l’éditorialiste des Echos Dominique Seux : "Les conservateurs à Rome, Madrid, appliquent, eux, une politique dite de l’offre (libérale) dont l’avantage est qu’elle ne coûte rien : réforme du marché du travail, déréglementations etc. Mario Draghi (BCE) est en fait sur cette ligne, comme Berlin, sans compter que Draghi ne propose nullement un abandon de la rigueur budgétaire". Seux prend également la défense du chef de l’Etat : "Ce qui se passe est sans doute assez injuste pour Nicolas Sarkozy. L’alliance Merkozy était une alliance dans l’urgence, pour sauver l’euro en décembre-janvier. Il fallait un accord, les marchés étaient à feu et à sang, la Grèce aussi, on parlait de mort de l’euro. (…) C’est facile aujourd’hui de réécrire l’histoire".

Assiste-t-on à un changement de dogme qui rangerait au placard l’austérité européenne ? Ou, comme se demande Quatremer, "la perspective de l’élection à la tête de l’Etat français d’un socialiste aurait-elle suffi à faire basculer l’équilibre idéologique d’une Union largement de droite ?" Rien n’est moins sûr.

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