Assange interviewe le leader du Hezbollah pour "TV Kremlin"
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Assange interviewe le leader du Hezbollah pour "TV Kremlin"

Julian Assange joue les intervieweurs vedettes.

Le charismatique fondateur de Wikileaks s'est transformé en présentateur dans The world tomorrow, une émission diffusée sur la chaîne RT, et largement disponible sur internet. Anciennement Russia Today, cette chaine de télévision russe anglophone lancée en 2005 par Vladimir Poutine est considérée comme la voix du Kremlin. Association sulfureuse donc entre le patron de Wikileaks et la chaîne étatique russe pour une série de douze entretiens. L'objectif affiché est de donner la parole à "quelques-unes des personnes les plus intéressantes et controversées dans le monde actuel".

Coup d'éclat dans le choix du premier invité : il s'agit d'Hassan Nasrallah, leader du Hezbollah au Liban, parti prônant la résistance à Israël, et en même-temps bras armé de l'Iran et de la Syrie. L’entretien porte en grande partie sur la situation en Syrie, justement. De façon peu surprenante, la position du leader chiite est très proche de celle du clan Assad, avec notamment le même discours sur la présence supposée en Syrie de "terroristes" proche d’Al Qaida pour déstabiliser le pays. Selon Nasrallah, les opposants syriens refuseraient de négocier avec le régime. “L’ entretien reste profondément politiquement correct et constitue un simple exercice de langue de bois”, note, déçu, Les Inrocks.

On en apprend finalement davantage sur Julian Assange que sur Sayid Hassan Nasrallah dans cet échange. L'émission commence par une bande annonce rythmée, avec la voix d'Assange revenant sur sa confrontation avec les puissants de ce monde. Il se présente au passage comme un pauvre “détenu", "sans qu’aucune charge ne pèse contre [lui]”. Une image plus proche de sa légende de hacker, que la réalité : Assange est assigné à résidence par la justice anglaise dans un manoir anglais cossu, en attente de la décision finale sur son extradition vers la Suède, où il est poursuivi pour viol . Avant de finir sur une déclaration grandiloquente: "Nous sommes en quête d'idées révolutionnaires qui peuvent changer le monde de demain".

Dans ce court montage, on voit Assange faire mine de demander à "Sayid", "pourquoi les Etats-Unis ont si peur d'Al Manar (la chaîne de télévision du Hezbollah) au point d'empêcher sa diffusion sur son territoire". Il en profite aussi pour mettre en avant les révélations de Wikileaks sur les inquiétudes de son invité sur la corruption au sein du Hezbollah. Et il termine par une question "très provocante" : "En temps que combattant de la liberté, ne devriez-vous pas chercher à libérer votre peuple du concept totalitaire d'un Dieu monothéiste." Réponse tout sourire du théologien chiite : "Nous croyons que Dieu est le créateur de l'humanité."

picto Entre Assange et Nasrallah, l'échange est cordial.

Avec Russia Today, Julian Assange a trouvé un allié contre un ennemi commun : les Etats-Unis. Il déclare dans un entretien publié sur RT.com qu’il a trouvé "un média capable de critiquer efficacement les abus du pouvoir militaire américain".

Le Monde n’hésite pas à railler les prétendus bons sentiments et bonnes intentions d’Assange. Il “n'a manifestement pas été paralysé par le souvenir des journalistes qui, comme l'emblématique Anna Politkovskaïa, ont payé de leur vie le combat pour l'information libre en Russie. Il n'a pas non plus été découragé par les pressions exercées sur des blogueurs russes, ni par les menaces de censure «à la chinoise» sur Internet, lancées par le chef des services secrets.” Avant de conclure : ”Triste aboutissement pour le héros des hackers libertaires.

Les opposants au régime russe ne passent pourtant pas à l'as dans l'interview d'Assange publiée sur RT. Il dit par exemple regretter de ne pouvoir accueillir l'oligarque Mikhail Khodorkovski dans son émission, puisqu'il est en prison. Assange assurait aussi : "Nous avons invité toutes les grandes figures de l'opposition. Tout comme les membres du gouvernement, pour garder un équilibre." Reste à voir le résultat dans un prochain numéro de The World tomorrow.

Qui est Assange ? Toute son "oeuvre" est dans notre dossier consacré à Wikileaks.

(Par Sophia Aït Kaci)

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