La compétition faussée des stars de l'interview
C'est un véritable plébiscite. Non seulement Yves Calvi est l’intervieweur préféré des Français selon ce sondage Harris interactive, mais il est aussi considéré comme le plus impartial (pour 29,4% des sondés). Loin devant Laurent Delahousse (10,2%) et Jean-Michel Aphatie (10%).
Voici un sondage comme un autre, qui paraîtra mercredi dans Télé Poche. L'occasion de se poser une question bête: comment est-il fabriqué ? En fait, dans les concours de popularité que sont les sondages d’opinion, la compétition est souvent faussée. Car il faut être dans la liste de départ pour avoir une chance. Cette fois, les sondés ont dû répondre à la question “Selon vous, qui est le meilleur intervieweur politique ?”. Mais détail non négligeable, ils n'ont pu choisir que... parmi une liste de 13 journalistes.
Autant dire que la présence de tel ou tel nom n'est pas neutre dans le résultat. Alors comment se fait la sélection ? Le choix s’est porté sur “les leaders de l’interview politique qui ne sont pas chroniqueurs, mais ont leur propre émission de télé”, explique à @si Eric Pavon, rédacteur en chef de Télé Poche. Plutôt que le classement de tous les journalistes politiques, ce sondage fait donc office de compétition entre les têtes de gondoles des grandes chaînes. Mais la précision n'apparaît pas dans le titre de couverture: "Que valent vraiment les journalistes politiques ?" |
Un tel sondage est par ailleurs propice aux raccourcis : Calvi devient ainsi "l'intervieweur préféré des Français" (exit la mention "intervieweur politique"), sur le site de Stratégies.fr, qui annonce les résultats en avant-première.
Mais les stars de l'interview ne devraient pas voir leurs chevilles gonfler trop vite, si l'on se réfère à un précédent sondage, datant de 2011, de l'agence Harris Interactive pour Téléstar, cité par L'Express. On y apprenait que 73% des personnes interrogées considèrent que les journalistes télévisés sont peu ou pas indépendants du pouvoir politique. La question n'a pas été posée cette fois-ci.
(Par Sophia Aït Kaci)
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