Facebook rachète Instagram : nouvelle bulle Internet ?
Brève

Facebook rachète Instagram : nouvelle bulle Internet ?

L'achat de l'application photo Instagram, payée 1 milliard de dollars par Facebook moins de deux ans après sa naissance, passionne les médias. Certains évoquent une nouvelle bulle Internet, tandis que des utilisateurs redoutent l'arrivée du géant.

Instagram est une application gratuite qui permet d'envoyer des photos via son iPhone (et depuis peu via les mobiles utilisant le système Android de Google), tout en leur appliquant, si on le souhaite, des filtres qui leur donnent un aspect vieillot - "vintage" est le mot à la mode. En 17 mois, la petite société qui emploie une dizaine de personnes a réussi à attirer 30 millions d'utilisateurs. Et son rachat vient donc d'être annoncé par Facebook pour la somme mirobolante d'un milliard de dollars.

On retrouve l'information aux quatre coins du monde. Exemple dans le Sultanat d'Oman (ci-dessous à gauche) avec The Times of Oman, ou en Suède avec le Svenska Dagbladet.

Moskovskie Novosti (Russie) en bas, à droite,Strait Times (Singapour)

Certains font une analyse purement économique de ce rachat, dont ils estiment le prix totalement irrationnel, et s'inquiètent de la naissance d'une nouvelle bulle Internet basée sur une spéculation éloignée de toute réalité économique. D'autant que le high-tech suit la même évolution, la valorisation boursière d'Apple ayant franchi cette semaine la barre des 600 milliards de dollars un mois après avoir atteint les 500 milliards, dans l'euphorie générale.

Le site du magazine Wired estime que le rachat d'Instagram n'a rien à voir avec une bulle. A l'appui de sa démonstration, il montre une sélection des rachats d'entreprises au cours des dix dernières années, avant de souligner que le prix d'achat d'Instagram, rapporté au nombre d'utilisateurs, montre que Facebook a payé très peu pour chaque utilisateur.

"Pour certains observateurs, les valorisations atteintes par de nombreuses entreprises Web ces dernières années font craindre un retour de la bulle Internet. Instagram, racheté par Facebook pour un milliard de dollars, n'a pas encore de modèle économique. Et même des mastodontes comme Twitter ou Facebook atteignent des valorisations sans commune mesure avec leur chiffre d'affaires", écrit Le Monde avant d'ajouter : "Contrairement aux années 1990, les cas d'entreprises sans modèle économique qui parviennent à lever des sommes conséquentes ou sont valorisées de manière très importante sont plus rares, Instagram constituant plutôt une exception."

"Instagram aidera-t-il Facebook à s'installer en Chine ?", se demande le Wall Street Journal, en rappelant que Facebook n'est pas présent dans l'empire du milieu, alors, qu'au contraire, Instagram est utilisé par le plus populaire des services chinois de microblog, Sina Weibo, l'équivalent de Twitter. Quand un utilisateur de Weibo veut associer une photo à son tweet, il se voit proposer Instagram en version chinoise.

D'autres voient dans le rachat d'Instagram "une logique existentielle" à visée culturelle. C'est le cas du théoricien des médias sociaux, Nathan Jurgenson, étudiant-chercheur en sociologie à l’université du Maryland, qui déclare à Libération: "Ce rachat ne répond pas uniquement à une logique économique de la part de Facebook, mais aussi à une logique existentielle. Oui, Facebook essaie de gagner plus d’argent, et il le fait en essayant de creuser le plus profondément possible dans nos vies, en jouant sur la corde sensible, sur nos souvenirs, notre passé, notre sens de la nostalgie et de l’authenticité. L’analyse ne peut pas être simplement financière, elle doit être aussi culturelle. C’est la culture et l’individu qui en est le centre qui constituent le minerai que Facebook cherche à extraire pour faire des profits. (...)Cette capture de l’authenticité et cette nostalgie de notre présent, qui sont les spécialités d’Instagram, sont exactement ce dont Facebook a besoin. "

Un chroniqueur de l'agence Reuters considère pour sa part que Facebook a constaté la victoire de l'image sur les mots : l'interface compliquée de Facebook serait vaincue par le clic de la photo faite avec un téléphonemobile, et aussitôt partagée en un deuxième clic.

Dans sa chronique high tech sur le site du New York Times, Jenna Wortham constate elle que "la vente d'Instagram souligne une dure réalité, les espaces privés en ligne où l'on peut partager et papoter avec ses amis sont en train de disparaitre. Les rares ilots qui subsistent vont vite être récupérés ou ajoutés à la liste d'achat de sociétés comme Google, Apple ou Facebook. (...) Il est clair que nos données personnelles et nos échanges en ligne ont tellement de valeur, que ce sont eux qui dessinent l'avenir du Web."

Un autre chroniqueur du New York Times souligne que certains utilisateurs d'Instagram annoncent sur Twitter qu'ils cessent de l'utiliser, parce qu'ils ne veulent pas que leurs données soient avalées par Facebook.

Nous avions expliqué en détail l'engouement pour Instagram dans cet article.

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