Les Échos se sont procuré une missive préoccupée : Bruno Lesouëf, le président du Syndicat de la presse magazine (SPM), y appelle François Hollande à revenir sur son projet de réforme des aides à la presse. Le candidat socialiste a en effet déclenché l'ire du syndicat en publiant son projet dans le titre professionnel Les clés de la presse. Il proposait de "mieux orienter les aides à la presse vers le lecteur citoyen, celui qui réfléchit. (...) Le consommateur, celui dont l'activité de lecture prolonge une activité de loisirs, devra quant à lui acquérir son magazine au juste prix".

Il s'agirait donc de réserver les aides publiques aux journaux qui contribuent au pluralisme et à la démocratie. Si les 400 millions d'euros d'aides directes par an sont déjà largement réservées à la "presse d'information politique et générale", les aides indirectes (principalement TVA réduite et tarifs postaux avantageux), estimées à 600 millions d'euros, sont accessibles à tous les titres, sans distinction de contenu. Le candidat fustige notamment "huit magazines TV" qui "bénéficient de 53 millions d'avantage tarifaire postal".

"Nulle part ailleurs en Europe, l'accès à la presse à un tarif postal spécifique, pas plus qu'à une TVA réduite ou nulle, n'obéit à des considérations de contenus", s'indigne Bruno Lesouëf. Le président du SPM proteste : "Nul autre secteur culturel (...) ne connaît de discrimination fondée sur une appréciation subjective de la «bonne» ou de la «mauvaise» culture." Un éditeur évoque aussi auprès des Echos les "effets collatéraux" d'une telle mesure : " Dans de nombreux groupes de presse, les titres de presse d'information politique et générale sont en partie financés par les autres." Les pénaliser reviendrait donc à handicaper la presse "citoyenne", assure ce professionnel anonyme.

Le quotidien économique assure que la plupart des éditeurs redoutent de toute façon une baisse des aides à la presse, quel que soit le prochain gouvernement. @rrêt sur image y a consacré un dossier, que vous pouvez retrouver ici.