Travaux d'artistes
Brève

Travaux d'artistes


C'est un édifiant portrait d'homme d'affaires à la française, que brossait Le Monde ce week-end. Un portrait de tueur sans scrupule ni limites, délinquant récidiviste dans les affaires et dans le privé, condamné pour avoir frappé un intermédiaire qui lui annonçait qu'une de ses propositions de rachat avait été rejetée, re-condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir frappé sa femme qui voulait le quitter; un requin qui a lancé un projet en sachant parfaitement qu'un projet concurrent était déjà sur les rails, mais avec la ferme intention de le torpiller, un parrain qui a dépensé 50 000 euros en cocaïne et en prostituées sur un grand chantier, en opposant simplement un "consommation personnelle" à toutes les curiosités, pour couvrir ses lieutenants.

Et sinon, ses affaires vont bien ? Mais oui, très bien, et les hommages vont pleuvoir sur lui toute la journée: ce portrait, c'est celui de Thomas Langmann, le producteur de The Artist (cinq oscars dans la nuit, pour les matinautes endormis). Et miracle: l'auteure du portrait s'arrange pour que le sujet n'en ressorte pas totalement antipathique, en noyant ces aspects désagréables de sa personnalité (qui n'arrivent qu'au neuvième paragraphe sur onze) dans le récit circonstancié de tous les drames (suicides aux médicaments, défenestrations dans les palaces, accidents de la route) qui frappent la dynastie des parrains du cinéma français Langmann-Berri, de génération en génération. Heureusement pour Langmann et The artist, ce portrait sera arrivé trop tard pour que l'exploitent les adversaires américains du film aux Oscars, dont on imagine le profit qu'ils auraient pu en tirer.

Si ce portrait est un sommet du journalisme à la française dans ce qu'il a de meilleur (célébration du succès, certes, mais avec rappels stylisés des crapuleries ayant jalonné la route triomphale), on ne saurait en dire autant de The Artist, tourné en Californie, hommage à Douglas Fairbanks, vedette du muet américain, dont seuls les comédiens, et l'argent, sont français. Mais qui l'a dit ainsi, jusqu'à cette nuit ? Les agents américains du film, bien entendu, pour arracher une à une les voix aux Oscars. Vendu aux Français comme une success story française, aux Américains comme un hommage à leur cinéma: du travail d'artiste.

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