Faut-il abandonner les couches jetables en plastique pour des couches lavables, plus respectueuses de l'environnement ? La question est posée dans le documentaire Couchorama, diffusé hier soir sur Arte. Les chiffres sont alarmants: un bébé utilise en moyenne 6000 couches avant d’être propre, mais il faut 400 ans à une couche jetable, pleine de plastique et de produits chimiques, pour se dégrader entièrement.
Bilan: les décharges publiques doivent traiter chaque année 2,5 milliards de tonnes de couches jetables. De quoi faire hurler des défenseurs de l'environnement, qui commencent à être entendus. Au Canada et en Angleterre, certains ménages ont abandonné les couches industrielles, et des services collectifs de lavage de couches, "ramassent les couches sales des ménages et les remplacent par des couches propres", signale le documentaire.
Mais tout le monde n'apprécie pas cette mode: la philosophe Elisabeth Badinter s'était déjà élevée contre les couches bio lavables dans son dernier essai Le conflit, la femme et la mère, en 2010 – nous en parlions ici. Dans Couchorama, la philosophe réaffirme sa thèse: les couches lavables sont une régression pour la condition féminine à cause de la perte de temps qu'elles représentent, contrairement aux couches jetables en plastique, plus pratiques et donc favorables à l'émancipation féminine.
Le plastique semble avoir encore de beaux jours devant lui : les marchés des pays en développement viennent à peine de lui ouvrir les bras.
Et en matière de com', les industriels savent faire preuve d'ingéniosité pour introduire leur produit dans des marchés traditionnellement peu réceptifs. Exemple: la Chine, où les bébés sont habitués au système naturel des pantalons troués. Pour inciter les parents à acheter des couches, la multinationale Procter & Gamble a commandé des études sur l'effet des couches sur le sommeil des enfants. Résultat: dormir au sec dans une couche jetable améliorerait le sommeil des enfants... et donc, leur développement et leur intelligence, selon l'entreprise. Des "résultats" illustrés dans des publicités chinoises... |
Pubs qui rappellent également certains spots français...
... comme ce clip de 2002, trouvable sur le site de l'Ina.
En février 2010, nous avions signalé le livre d'Elisabeth Badinter où la philosophe s'opposait aux couches lavables... tout en nous interrogeant sur les motivations réelles de la présidente du conseil de surveillance de Publicis.
(Par Julie Mangematin)
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