Manger français, pas si simple ? (blog Politis)
Brève

Manger français, pas si simple ? (blog Politis)

Manger français c’est bien… encore faut-il que ce soit français.

On pourrait croire, benoîtement, que l’andouillette de Vire vient de Vire, la moutarde de Dijon de Dijon et la charcuterie corse de Corse. Mais non. Le journaliste Claude-Marie Vadrot propose, sur son blog hébergé par le site de Politis, un retour de supermarché plutôt édifiant : de très nombreux produits que l'on pourrait croire typiquement français peuvent être fabriqués n'importe où. Ainsi,les escargots de Bourgogne "proviennent à 95% de Turquie, d’Afrique, d’Ukraine ou d’Indonésie", balance-t-il.

Après avoir longtemps travaillé pour Le journal du dimanche (comme reporter de guerre), Vadrot collabore aujourd’hui avec Politis et Mediapart. Il se dit "spécialiste des pays en proie à des conflits et des questions d'écologie, de protection de la nature et de société " et est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés à l’écologie. Il rappelle que l’arnaque se joue sur l’étiquette. Par exemple, "tombé dans le domaine public, le nom «camembert» peut-être utilisé par n’importe quel producteur de n’importe quel pays. Et malgré une AOC «Camembert de Normandie», qui existe depuis 1983, de nombreux fabricants utilisent le terme très proche de «Camembert fabriqué en Normandie». Les différences: du lait pasteurisé au lieu du lait cru, un affinage raccourci, une fabrication qui n’est soumise à aucune règle (…) et des matières premières importées de l’étranger (30% du lait vient de Chine, 50% de toute l’Europe)."

Quand l’appellation n’est pas contournée, elle est galvaudée : "Des produits en provenance de Bretagne disposent d’une «Appellation d’origine contrôlée», appellation qui n’oblige les fabricants qu’à une seule chose: posséder au moins un lieu d’emballage ou de transformation légère en Bretagne. Cela vaut naturalisation ! Le consommateur trouvera donc sur les rayons des supermarchés des produits dont 82% des matières premières proviennent du monde entier."


Mise à jour - 27 décembre :
Pan sur le bec de l’éconaute ! A lire les commentaires publiés sous l’article de Claude-Marie Vadrot, le retour de supermarché édifiant ressemble étrangement à une enquête menée par le Journal du Net en juillet 2010, qui ressemble elle-même à cette liste retrouvée notamment sur ce blog et publiée en mars 2010. On y retrouve les mêmes faux produits du terroir, de l’escargot de Bourgogne au savon de Marseille.

Pour autant, les faits reprochés par Vadrot sont-ils injustes ? Oui, assure Hoaxbuster.com, indispensable site qui recense les fausses informations et autres canulars qui circulent sur le web. L’article fait le tri dans les allégations et, pour cela, l’auteur n’a pas hésité à solliciter les spécialistes concernés, comme l'Association de Défense et de Gestion de l'AOC Camembert de Normandie. On apprend ainsi que l’utilisation des mentions "camembert de Normandie" et "camembert fabriqués en Normandie" repose au départ sur une entente entre l’ensemble des fabricants, même si aujourd’hui la nuance est devenue préjudiciable à l’AOC. Et non, le lait ne vient pas de pays étrangers.

Mais Vadrot n'admet pas s'être fait piéger. Aux internautes qui dénoncent ce qui ressemble à une contrefaçon, il répond: "Je ne puise jamais mes informations sur des blogs anonymes et fantaisistes: mes informations n’ont qu’une seule source : le ministère de l’agriculture, les douanes et la répression des fraude. Libre aux esprits chagrins qui refusent le réalité de contester ces sources auxquelles j’ajoute la Con" (sic). Une façon de botter en touche sans pour autant lever le doute sur cette curieuse coïncidence. Comme quoi, il faut toujours regarder d'où viennent les informations, même quand elles ne portent pas d'étiquettes.

Une mise au point, sur la bouffe, bienvenue après notre récente enquête sur la fringue : est-il possible de s’habiller français ? Pour le savoir, suivez l’enquête de notre éconaute en culotte courte (made in France).

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