Poutine parle aux Russes (Le Monde)
4 heures et 16 minutes d'échanges avec les Russes, à 12 minutes du record de l'an dernier. Le Premier ministre russe a dès le départ écarté toute remise en cause des résultats des législatives: "L'opposition dira toujours que les élections ne sont pas honnêtes, c'est le cas partout et dans tous les pays", a-t-il indiqué. L'ex-agent du KGB a même ironisé sur la mobilisation de l'opposition, qui a réuni 50 000 personnes samedi dans le centre de Moscou, en expliquant avoir confondu dans un premier temps le ruban blanc du mouvement de contestation avec "le symbole de la lutte contre le sida"...et a estimé que "certains des manifestants était payés". Une affirmation qui a fait grincer Twitter: Daniel Sanford, correspondant de la BBC à Moscou précise : "je n'ai pas trouvé un seul manifestant payé dans les protestations des deux semaines passées, sauf du côté des pro-Poutine". Sur le réseau social, les internautes se moquent en utilisant des hastags tels que #botox #fou #Kadhafi #Vietnam... |
Officiellement, 500 000 questions ont été reçues, en provenance des quatre coins du pays, y compris Vladivostok en Sibérie où les journalistes en duplex sont chaudement vêtus...
Ainsi, interrogé sur le fait que John McCain, ancien candidat à la présidence aux Etats-unis, l'a comparé à Kadhafi, Poutine a répondu : "On a peur de notre potentiel militaire. (...) On a une politique étrangère indépendante. (...) Nous avons plus d'amis que d'ennemis dans le monde."
Poutine a aussi évoqué la fin de Kadhafi, critiquant les conditions de sa mort : "C'est la démocratie, ça?".
Interpellé par un homme d'affaires de Vladivostok lui expliquant ses difficultés à travailler en raison de la corruption, Poutine lance : "Il y a beaucoup de criminels dans cette région, je vais tenir compte de ce que vous dites".
Sur Twitter, les internautes ont compris, le premier à être renvoyé après l'émission ne sera pas le ministre Serdioukov mais le gouverneur de cette région Serguey Darkin, comme le remarque Daniel Sanford...
Selon une internaute de Moscou @ioffeinmoscow, visiblement pro-Poutine, "les questions de cette année ne sont pas aussi policées que d'habitude".
Enfin, le Premier ministre russe a eu droit à une question de Marek Halter, l'un des plus ardents défenseurs du pouvoir russe en France : "Serez-vous prêt lorsque vous serez élu président, comme le général de Gaulle l'avait fait, à vous adresser aux jeunes et à dire: je vous ai compris ?". Une question vraiment dérangeante et osée...
Vous pouvez retrouver ici les réactions recueillies à chaud par Reuters (en anglais) auprès d'hommes d'affaires étrangers et ici comment Poutine censure les articles contestataires sur le web.
(Par Michel Martins)
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