Besson-Joly, Une ténébreuze affaire
Brève

Besson-Joly, Une ténébreuze affaire

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"Salut la Vranze, aujourd'hui est un krand chour" ce texte de Patrick Besson, moquant dans sa chronique du Point l'accent d'Eva Joly, est-il raciste ou non ? SOS Racisme, un lieutenant de Mélenchon, tout l'état-major des Verts, et Eva Joly elle-même ont tranché: le texte est bel et bien raciste. En réponse, le directeur du Point, Giesbert, hurle à la dictature du poliquement correct: et Canteloup ? Et Gerra ? s'époumone-t-il. Pourquoi Besson aurait-il moins de droits que les imitateurs professionnels ?

Pour tenter de démêler cette zombre affaire, je me déguise en Judith, et je tente de distinguer énonciateur, lieu d'énonciation, et contexte. Qui est l'énonciateur ? Un écrivain. Un écrivain a tous les droits (axiome que nous partageons avec Judith). Mais cette règle particulièrement libérale s'applique dans ses textes de fiction, publiés par des éditeurs de fiction, ceux qui indiquent "roman" sur la couverture. Or cet écrivain écrit dans un journal, plutôt adversaire politiquement de l'offensée. Un journal n'a pas tous les droits. Il doit rester dans le cadre des lois sur la presse. On répondra: oui, mais Canteloup, Gerra, exercent aussi dans des médias. C'est vrai. Mais il n'a certainement pas échappé à un esprit aussi aiguisé que Franz-Olivier Giesbert qu'ils sont imitateurs professionnels. Il est difficile d'imiter Eva Joly sans imiter son accent. S'ils l'imitent, c'est par obligation professionnelle, comme les ahanements de Rocard, les "ééécoutez" de Chirac, etc.

Le blog d'antennerelais (par ailleurs @sinaute) dédouane Besson. Le chroniqueur aurait voulu faire un clin d'oeil à Balzac, tel qu'il fait parler le personnage alsacien Schmucke dans le cousin Pons: "che le sais... mais sonchez que che zuis zeul sur la derre, sans ein ami. Fous qui afez bleuré Bons, églairez-moi, che zuis tans eine nouitte brovonte, ed Bons m'a tit que j'édais enduré te goguins... . Troublant. Ce n'est en effet pas l'accent norvégien, que Besson prête à Joly, mais une sorte de sabir alsaco-allemand, ressemblant, c'est vrai, au Schmucke de Balzac. Peut-être. Mais ceci nous amène au contexte. A l'époque où écrit Balzac, il n'y a pas en France de xénophobie anti-allemande. Un texte survient aussi dans un contexte. Le contexte est à la mise en cause odieuse des origines étrangères d'Eva Joly, quand elle critique le défilé du 14 juillet. Le contexte (dans le camp d'en face, allié d'Eva Joly, ce qui ne simplifie pas l'analyse) est aussi aux évocations multiples et désordonnées de Bismarck, de Daladier et de Munich. Sans soupçonner Besson d'avoir voulu poser, même inconsciemment, une équation Joly = Merkel = Bismarck, convenons que cela n'en simplifie pas la réception. Je ne vous aide pas beaucoup à vous forger une opinion définitive. Désolé. Les geoses zont parvois compliguées.

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