Les agences "dans le viseur" : sous les gros titres
Brève

Les agences "dans le viseur" : sous les gros titres

Il parait que l'Europe va interdire aux agences de notation de noter les dettes souveraines de certains pays.

Elles sont "dans le viseur" de l'UE, expliquent les gros titres. Satisfaction du téléspectateur: ce renversement de viseur n'est que justice, depuis qu'elles tiennent elles-même les pays dans leur viseur. Rappelons simplement que ce réveil intervient après que la commission avait accru le pouvoir des mêmes agences (dans des conditions controversées, d'ailleurs, qui avaient donné lieu en août au 835 e épisode de la saga Mélenchon contre Quatremer).

Quatremer, en tout cas, est sur le coup, et il est allé regarder sous les gros titres. "Pour limiter la casse, raconte-t-il dans Libération, les agences se livrent à un lobbying effréné. Non sans succès. Ainsi, Michel Barnier, le commissaire européen chargé du Marché unique, a dû en rabattre sur ses prétentions. Ses collègues les plus libéraux ont obtenu que la suspension temporaire (deux mois) de la notation d’un Etat soit limitée au cas où il est déjà sous assistance financière : pas question d’étendre cette possibilité aux pays qui négocient un plan d’aide (...) Enfin, la responsabilité civile des agences est limitée aux seules erreurs intentionnelles, l’incompétence échappant à toute poursuite". Ouf ! Standard and Poor's pourra continuer d'appuyer sur le mauvais bouton, elle ne risque rien.

A propos d'aller voir sous les gros titres, peut-être avez-vous lu d'un oeil distrait que Merkel juge la crise actuelle comme "la plus grave depuis 1945". Mais devant le congrès de la CDU, qui se tient à Leipzig, elle n'a pas dit que cela. Le parti conservateur allemand est apparemment en train de dessiner un vaste projet de réforme de l'Europe (information que je trouve également dans Libé de ce matin, sous la signature de Nathalie Versieux, envoyée spéciale à Leipzig). Je résume: sanctions automatiques pour les membres qui ne respecteraient pas le Pacte de stabilité, possibilité de porter plainte devant la Cour européenne de justice contre les Etats aux déficits excessifs, possibilité de sortir «volontairement» de la zone euro pour les pays qui le désireraient, sans quitter pour autant l’Union européenne (...), mise des Etats non vertueux sous la tutelle d’un commissaire européen compétent pour prendre en charge les budgets, et intervention automatique de la Cour européenne de justice (...) Mais aussi taxation sur les transactions financières, renforcement du poids des gros contributeurs - donc de l’Allemagne - au sein de la BCE, et même... élection du président de la Commission au suffrage universel. Rien que ça. Bref, l'Allemagne veut bien payer (un peu) plus, pour financer une Europe à l'allemande, ce qui me semble exactement à l'opposé de ce que claironnait étrangement ce matin sur France Inter Bernard Guetta, pour qui "l'Europe devient française". Pour que les politiques français soient interrogés sur ces sujets, on attendra le temps réglementaire.

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