C'est ce qu'affirme l'avocat de sa fille, Me Olivier Metzner, qui s'est insurgé contre le fait que les proches de la miliardaire aient pu laisser faire cette interview : "C'est indigne et indécent de la part des proches et des conseils de Liliane Bettencourt, qui sont censés la protéger, de l'exhiber ainsi en public alors que les mêmes conseils disent qu'elle n'est pas en état de répondre aux juges d'instruction de Bordeaux", a réagi l'avocat, interrogé par l'AFP. "Je ne crois pas qu'un seul mot prononcé par Mme Bettencourt soit d'elle-même", a-t-il ajouté. "Je pense que tout a été construit, comme d'habitude, par des services de communication. Il serait intéressant de voir les rushes et non pas l'interview", telle qu'elle a été diffusée. De fait, l'interview de M6 est ultra-montée, parfois phrase par phrase. Il est donc difficile d'en conclure quoique ce soit, sur l'état mental de l'interviewée.

"On connait les arguments de Me Metzner, il avait usé du même procès médiatique lorsque Liliane Bettencourt a été interviewée par Claire Chazal", rétorque Marc-Olivier Fogiel, contacté par @si. Le présentateur de la nouvelle émission "Face à l'actu" réfute tout effet lié au montage. "Le montage est conforme à ce qu'elle disait. De ce que j'ai pu en juger, lors de l'interview qui a duré une heure, elle était totalement consciente et déterminée, exactement comme l'image qu'elle donne à l'antenne. Je ne pense pas qu'elle soit exhibée." Et d'ajouter : "je ne sers les intérêts de personne". Concernant les conditions de l'interview, Fogiel explique que Bettencourt était entourée uniquement d'un infirmier, et que ses questions ne lui ont pas été demandées au préalable. "Lorsque je l'ai contactée, elle était déterminée, et m'a dit : j'en ai marre, je veux parler'.

Françoise Bettencourt-Meyers est en conflit avec sa mère, héritière de L'Oréal, au sujet de capacité à gérer sa fortune. Elle a demandé plusieurs fois la mise sous tutelle de sa mère. Après une réconciliation entre les deux femmes il y a quelques mois, c'est à nouveau la guerre. Au mois de juin dernier, Bettencourt-Meyers a mis en cause Me Wilhelm, choisi par l'une et l'autre pour gérer la fortune de la mère, et réclamé à nouveau une nouvelle mise sous curatelle. Elle accuse Wilhelm, en charge du "mandat de protection future" sur la fortune de sa mère, de l'avoir incitée à investir 143 millions d'euros dans les affaires de paris en ligne de Stéphane Courbit. La milliardaire, de son côté, dans un courrier adressé vendredi à son avocat, Me Farthouat, lui demande "d'agir sans délai et avec fermeté contre les agissements" de sa fille.

Le 29 septembre dernier, le parquet de Bordeaux a ouvert une information pour abus de faiblesse visant l'entourage de Liliane Bettencourt, au vu d'un rapport sur son état de santé. Dans cette interview, enregistrée le 21 septembre, Bettencourt tente de prouver face à Fogiel qu'elle est en pleine possession de ses moyens. Elle promet de "beugler" si elle est placée sous tutelle, une "imbécillité monstre", lâche-t-elle.

Interrogée sur le fait d'avoir donné de l'argent à Nicolas Sarkozy pour financer sa campagne pour la présidentielle de 2007, elle répond : "Franchement, non", dit-elle. "Pourquoi voulez-vous que je lui en donne?", demande-t-elle. "Pour financer sa campagne", relance alors Fogiel. "Non, mais alors, il y a belle lurette, avant, alors, quand il était jeune homme", répond-elle sans embarras.

Retrouvez notre dossier : Bettencourt, la milliardaire, le fisc, et le pouvoir.