Hélène et Roland balancent
Brève

Hélène et Roland balancent

N'empêche, ils sont forts. Très forts. Dans l'improvisation créatrice, ils sont champions.

On peut gloser, moquer, rager, fulminer, on ne leur arrive pas en haut de la chaussette. Ainsi, Elkabbach interroge Nadine Morano sur le scoop du site du Monde du matin: Hortefeux a appelé Gaubert, avant sa mise en examen, pour l'avertir que sa femme, Hélène de Yougoslavie, "balance beaucoup, apparemment". Le Monde vient à l'instant de mettre en ligne le compte-rendu de l'écoute. Le scoop date de dix minutes, peut-être vingt. Si ça se trouve -fatalitas!- Elkabbach n'a même pas eu le temps de répéter avec son invitée avant l'antenne. Eh bien, elle trouve tout de même une réponse. Elle dit (en substance): "vous voyez bien, il l'a appelé, mais pas à la date que l'on disait. A une autre date". Personne ne comprend la pertinence de la riposte, sans doute même pas elle, mais peu importe: elle a dit quelque chose. Dans la centrifugeuse de la panique générale, elle s'accroche encore. Parler. Remplir le vide. Elle tient. Ils sont forts.

Evidemment, Elkabbach l'aide comme il peut. Lui aussi, il s'accroche, il tient. Il ne l'interroge pas sur l'aspect le plus scandaleux de cette révélation du Monde: comment Hortefeux, qui n'est plus ministre, qui n'est plus rien, comment Hortefeux est-il en possession du PV d'audition de Hélène de Yougoslavie ? Par quel mystérieux circuit ? Fuite contre fuite, écoute contre écoute, PV contre PV, une poignée de juges et d'investigateurs contre le Pouvoir: ce qui est lancé ressemble bien à une lutte finale. Comme le résume une fine observatrice, révélation de la matinée, qui se trouve être la fille Gaubert, elle aussi écoutée: "si Sarko il passe pas en 2012, ils sont tous dans la merde".

Dans la fureur confuse de la bataille, on pourrait perdre de vue l'essentiel. L'essentiel, ce ne sont pas les fadettes, les mallettes, les écoutes, les fuites. L'essentiel, c'est ce que TF1 a appris hier soir à ses télespectateurs éberlués (après avoir héroïquement retenu l'information vingt-quatre heures, comme nous vous le révélions): le conseil constitutionnel a validé en 1995 des comptes de campagne truqués, pour au moins deux candidats, Chirac et Balladur. Et qui a balancé ? L'ex-président en personne, Roland Dumas. On parle bien du conseil constitutionnel, cette instance que la constitution elle-même place au-dessus du parlement, au-dessus du gouvernement, au-dessus de tout le monde. Au coeur de l'élection fondatrice de ce régime, l'élection présidentielle, la loi est tranquillement bafouée, par ceux-là même qui sont chargés de vérifier sa conformité à la constitution. On apprendrait demain que les "Sages" se partagent aussi des grosses coupures, qu'on ne serait même plus surpris. Il parait que Sarkozy, dans la panique, va maintenant s'évertuer à couper le membre gangrené qui s'appelle Balladur. Mais à quoi bon ? Ce n'est même plus que la gangrène est au coeur du système: le système n'est que gangrène.

(Remerciements au site Noblesse et royautés)

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