Karachi : discrétion du Figaro et des Echos
Brève

Karachi : discrétion du Figaro et des Echos

La presse nationale s'étend sur les auditions de Nicolas Bazire et Thierry Gaubert, deux proches de Nicolas Sarkozy, entendus hier par la justice dans l'affaire des rétrocommissions sur des ventes d'armes au Pakistan, qui pourraient être liées à l'attentat de Karachi, mais alimentent surtout les soupçons sur le financement de la campagne d'Edouard Balladur en 1995. Hier, Gaubert a été mis en examen, et Bazire en garde à vue (il a lui aussi été mis en examen dans la matinée).

Toute la presse en parle, mais pas de la même manière. Le Figaro évoque l'affaire page 10, en "oubliant" de la mentionner en Une. Même choix, avec un petit papier sur une colonne en page 2, pour Les Echos. Le quotidien économique est la propriété du groupe LVMH... dont Bazire est un des dirigeants.

 

"Cette affaire Karachi qui fait trembler l’Elysée", titre Le Parisien/Aujourd'hui en France sur la double page qu'il consacre à l'affaire, en début de journal :

"Avis de tempête sur la République. Ou comment un dramatique attentat qui a coûté la vie à 15 personnes dont 11 Français au Pakistan en 2002 se transforme en affaire d’Etat au fil de l’enquête judiciaire", écrit le quotidien, avant de citer Sarkozy : "En déplacement à New York, le chef de l’Etat s’est refusé à tout commentaire sur ces affaires qu’il qualifiait autrefois de «ridicules et grotesques»."

A sept mois de l’élection présidentielle, ce dossier risque de devenir explosif pour le chef de l’Etat qui avait promis de faire de la France «une République irréprochable». La campagne commence à peine et déjà, ce ne sont plus les candidats, et encore moins leurs idées, qui tiennent le devant de la scène, mais les affaires."

A la Une de Libération, une photo d'archive (signée Sygma/Corbis), montrant Nicolas Sarkozy, avec Edouard Balladur et Nicolas Bazire en 1996, dans des tons noir et ocre.

"Il faut, pour comprendre la tectonique des affaires qui secouent la majorité, avec deux très proches amis du président de la République dans le viseur de la justice, se souvenir de la guerre sans merci à laquelle s’est livrée la droite au début des années 90, rappelle l'édito de Libé. C’est cette violence politique, entre chiraquiens et balladuriens, qui remonte aujourd’hui à la surface judiciaire et qui ébranle la présidence. Nicolas Sarkozy appartient de plain-pied à cette histoire."

Le journal consacre trois pages à l'affaire, et dans un encadré page 3, il souligne le rôle des ex-épouses dans les révélations actuelles : "Cherchez la femme… D’eux d’entre elles, sur fond(s) de divorce conflictuel, sont à l’origine de récentes révélations sur quelques dessous des ventes d’armes. Nicola Johnson, 50 ans, future ex-épouse de Ziad Takieddine, a lâché les chiens en premier. (...) Elle a fait saisir cet été des biens estimés à près de 100 millions d’euros (dont 40 en France). Est-elle à l’origine des innombrables révélations du site d’information Mediapart ? Nos confrères protègent, à raison, leurs sources. Pour sa part, Hélène de Yougoslavie, descendante du roi d’Italie UmbertoII et ancienne Mme Gaubert dans le civil, a directement témoigné contre son ex devant les enquêteurs."


Libération jeudi 22 septembre 2011


Le Figaro ne mentionne pas l'affaire en Une, préférant insister sur "la facture exorbitante d'un arrêt du nucléaire", et "le calendrier de Sarkozy pour la paix" au proche-Orient. Mais un bref article en haut de la page Société, résume plutôt bien les enjeux, mais sans s'attarder sur le fait que ce soient des très proches de Sarkozy qui sont impliqués :

"Nicolas Bazire a également été le directeur de la campagne présidentielle de l’ex-premier ministre [Edouard Balladur]. Thierry Gaubert, ex-conseiller en communication de Nicolas Sarkozy, a lui aussi été présenté au juge d’instruction en fin d’après-midi au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris et a été mis en examen. Les enquêteurs s’intéressent aux liens éventuels de Thierry Gaubert et Nicolas Bazire avec l’homme d’affaires franco-libanais, Ziad Takieddine, présenté comme intermédiaire dans deux contrats d’armement. "

Le Figaro évoque les valises de billets destinées à Bazire, dont l'ex-femme de Gaubert a parlé aux enquêteurs, sans oublier les sommes en espèces versées sur le compte de campagne de Balladur.


Propriété de LVMH, le quotidien Les Echos  ne consacre lui aussi à l'affaire qu'un petit article, le deuxième de la colonne de gauche de la page 2, avec une petite photo de Bazire.

L'article résume les faits et se termine par cette phrase: "Depuis la défaite électorale d’Edouard Balladur en 1995, Nicolas Bazire a quitté la sphère politique mais est resté proche de Nicolas Sarkozy. Il est aujourd’hui directeur du développement et des acquisitions du groupe LVMH, par ailleurs propriétaire des «Echos»."

A l'inverse, son concurrent La Tribune annonce l'information dans le bandeau de Une, et lui consacre une grande page.

A propos de Bazire, il écrit : "Ce proche du chef de l’état, et bras droit de Bernard Arnault, a été interpellé mercredi matin à Paris pour être entendu par la Division nationale des investigations financières (Dnif) chargée de l’enquête sur le volet financier de l’«affaire Karachi»."

Le quotidien gratuit Metro annonce l'information avec un petit titre, en bas de la Une, avant de lui consacrer un article d'une demi-page en haut de la page 4 avec une photo de Balladur et des deux mis en cause.

Même petit mention à la Une du gratuit 20 Minutes, avec un article occupant trois-quarts de la page 6.

Karachi, on reprend depuis le début ? Plongez dans notre conséquent dossier sur cette affaire qui ébranle le pouvoir.

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