Inondations de centrales : que se passe-t-il aux USA ?
Brève

Inondations de centrales : que se passe-t-il aux USA ?

Une catastrophe, et on oublie tout ? Après le feuilleton Fukushima, les médias n'ont pas embrayé sur ce qui se passe actuellement aux Etats-Unis, comme nous l'a fait remarquer un @sinaute. A l'exception d'un article du Monde, de deux notes de blogs, une dépêche AFP et une autre de Reuters, les médias se sont peu intéressés aux inondations de deux centrales nucléaires du Nebraska alors que la situation est délicate depuis près d'un mois.

Depuis début juin, l'état du Nebraska doit faire face à d'importantes inondations suite à des pluies diluviennes et à la fonte des neiges des Rocheuses. Face à la crue du Missouri, les autorités ont été obligées de relâcher l'eau d'un barrage qui se trouve à proximité de la centrale nucléaire de Fort Calhoun.

Tout ceci a "provoqué une rapide montée des eaux autour de la centrale, dont une partie a été inondée le 6 juin", raconte le journaliste scientifique de Libération, Sylvestre Huet, sur son blog. Le lendemain de cette inondation, "un incendie a détérioré un système électrique du dispositif de refroidissement de la piscine où se trouvent les combustibles. L'incendie a été éteint par les moyens automatiques de lutte contre le feu. Et les pompes ont été remises en service 90 minutes après l'incendie. La centrale s'est donc mise en alerte et a, comme elle en a l'obligation, déclaré cet accident à l'autorité de sûreté nucléaire américaine (la NRC, Nuclear Regulatory Commission)".


Inondation et incendie à la centrale de Fort Calhoun : un "accident sérieux"

Si l'inondation du 6 juin correspond à un "événement inhabituel", qualification qui "correspond au niveau de gravité le plus faible sur l'échelle américaine des accidents nucléaires" , l'incendie est un incident à un "niveau de gravité supérieur, celui de l'«alerte»". Est-on passé près de la catastrophe ? En réalité, la centrale nucléaire est à l'arrêt depuis le mois d'avril pour rechargement de combustible et son activité n'a pas repris depuis. "Mais on ne stoppe pas l'activité du combustible en appuyant sur un bouton. Des semaines et des semaines sont nécessaires à son refroidissement complet. Et c'était justement dans les piscines que refroidissait le combustible", note un blog scientifique du Monde. Autrement-dit, la perte temporaire de la piscine le 7 juin était "un accident sérieux" selon Sylvestre Huet.

Les deux blogs scientifiques de Libération et du Monde ont relaté ces faits respectivement le 17 juin et 21 juin. Trois jours plus tard, Le Monde consacre un papier à ces événements en précisant que la Commission américaine de la régulation nucléaire (NRC) "a spécifié qu'«aucune diffusion de radioactivité n'a été observée» à ce jour et qu'«aucune n'est anticipée» pour l'avenir".

Fin de l'histoire ? Non, car l'inondation et l'incendie ont provoqué "plusieurs rumeurs sur internet, les deux principales étant l'annonce d'un accident de niveau 4 sur l'échelle INES des accidents nucléaires et l'instauration d'une zone interdite au survol d'avions aux alentours de la centrale en raison d'une émission de radioactivité. Ces deux rumeurs ont été démenties par l'opérateur de la centrale (Omaha public power district). L'interdiction de survol de la région existe, mais elle provient d'une décision des autorités liées à la crue du Missouri et n'a pas de rapport avec la centrale nucléaire", précise Huet.

Une deuxième centrale est menacée par la crue du Missouri

Tout n'est pas arrangé pour autant. Car dans l'article du 24 juin du Monde, on apprend que ce n'est pas une, mais deux centrales nucléaires qui sont "menacées par la crue du Missouri", qui continue. En plus de la centrale de Fort Calhoun, celle de Cooper, en activité, est menacée et fait elle aussi l'objet d'un "événement inhabituel". Le 27 juin, Lemonde.fr annonce que "l'activité de la centrale de Cooper pourrait être stoppée, comme l'a été celle de Fort Calhoun". Toutefois, la veille, après une visite du site, le président de la Commission de la régulation nucléaire américaine (NRC) s'était voulu rassurant : "Jusqu'à maintenant, l'opérateur de la centrale a suivi la bonne approche. Cette centrale fonctionne en suivant les règles de sécurité".

Qu'en est-il aujourd'hui ? Une dépêche AFP en date du 28 juin annonce que "les autorités nucléaires continuent de surveiller de près la centrale de Fort Calhoun dans le Nebraska (centre), après qu'une barrière de protection du fleuve Missouri eut cédé face à la montée des eaux. Cette barrière de 600 mètres a cédé dimanche et les eaux ont depuis envahi la centrale". Mais il n'y aurait pas de quoi paniquer, puisque selon un communiqué de l'autorité de régulation nucléaire, "les installations pouvaient résister à une inondation atteignant "309 mètres au-dessus du niveau de la mer". Les eaux atteignent actuellement 306,7 mètres mais ne devraient pas dépasser les 307,2 mètres". Tout se joue à deux mètres près donc. En revanche, la dépêche ne parle pas de la situation à la centrale de Cooper.

Depuis le 28 juin et cette dépêche AFP, on n'a pas retrouvé trace d'articles mentionnant ces inondations dans la presse française, ni dans le New York Times.

Un nouvel élément pour notre dossier nucléaire.

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