LeMonde.fr a évoqué le 10 juin dernier un article du New York Times intitulé That Look, That Weiner-Spitzer-Clinton Look.

On y voit les portraits de six politiciens amerlocains coupables de mensonges divers et variés qui tous font une grimace au moment, nous dit LeMonde.fr, d'exprimer "remords-indignité-repentir-peine-honte-contrition-désespoir-chagrin et (…) forte envie d'obtenir le droit de passer l'éponge ».

Mais qui a vérifié si cette mimique commune s'est bien affichée dans les circonstances annoncées, celle d'un aveu ?

Jacques Chirac affichait la même en mars dernier, alors qu'on évoquait dans la presse son futur procès :

S'agissait-il vraiment de l'expression d'un homme pris en faute ? Une rapide enquête prouva que non…

… et il en est de même pour nos politiciens amerlocains ci-dessus. Nous associons leur mine déconfite à la légende de la photo, à l'histoire qui a marqué le personnage représenté et le lien nous paraît évident : Clinton qui pince les lèvres est en train d'avouer sa relation coupable avec Monica Lewinsky.

Sauf qu'en vérité il ne s'agit pas du tout de cela puisque ces six hommes politiques participaient au célèbre concours annuel d'ouverture d'huîtres à Oyster Bay, État de New York, Étazunis (voici l'image avec sa vraie légende), et chacun s'angoissait à l'idée de rater le premier prix, une bouteille de mousseux français cuvée 1973 :

Recadrages et légendes sont d'un emploi aisé, ils permettent d'éliminer le contexte réel des prises de vue pour en substituer un autre, correspondant au propos que l'on veut tenir.

L'importance du contexte, c'est ce qu'avait démontré Koulechov en 1922 quand il réalisa le montage suivant :
- un gros plan sur une assiette de soupe / un gros plan totalement inexpressif de l'acteur Mosjoukine /
- un gros plan sur une enfant morte dans son cercueil / le même gros plan inexpressif de l'acteur Mosjoukine /
- un gros plan sur une femme allongée sur un sofa / le même gros plan inexpressif de l'acteur Mosjoukine.

Voici le montage en question :

On voit par là que l'image précédant le portrait de l'acteur nous laisse supposer des pensées qu'il n'a pas. Tout est affaire de mise en contexte et seuls des plans plus larges des politiciens amerlocains nous permettraient de commencer à déterminer pour quelle raison ils affichent cette mine.

Oui mais bon, qui va gagner la bouteille de mousseux ?

PS : Il convient de lire cet articulet au second degré…

L'occasion de lire ma chronique intitulée La Pompadour de l'Élysée où il est question d'une certaine confusion entre les oeufs de lump d'Auchan et le caviar de Petrossian.