Novotel d'Abidjan, une stèle de papier
Brève

Novotel d'Abidjan, une stèle de papier

Tiens, une autre histoire d'hôtel du groupe Accor.

Elle fera sans doute moins de bruit. Pour tout dire, elle n'en avait pas fait du tout, jusqu'à maintenant. Ce n'était qu'un entrefilet, dans l'actualité tourmentée. Le directeur du Novotel d'Abidjan avait été enlevé, début avril, au plus fort des combats. On avait retrouvé son corps fin mai. Des hommes de Gbagbo étaient impliqués. On lisait ça machinalement dans les fils d'actualité, pris par tant d'autres urgences.

Paru dans Libération d'aujourd'hui, un très beau texte rend vie à Stéphane Frantz di Rippel, directeur de l'hôtel, ainsi qu'à trois clients de l'hôtel, qui se trouvaient là au mauvais moment, Yves Lambelin, Raoul Adeossi et Chelliah Pandian. Signé par une dizaine de reporters de guerre français présents à Abidjan début avril, ce texte raconte l'ambiance au Novotel, dans les derniers jours du régime de Gbagbo finissant. Il raconte les manifestations d'intimidation devant les grilles, jusqu'à ce jour fatal où un commando fait irruption à l'intérieur de l'hôtel. "Que cherchait le commando de tueurs ce 4avril en début d’après-midi? Des «Blancs», des journalistes? Une monnaie d’échange? Les victimes expiatoires d’un régime agonisant? Toujours est-il que lorsque ces hommes en armes atteignent le 7e étage où se trouve le bureau de Stéphane Frantz di Rippel, ce dernier a un réflexe qui va sauver des vies, les nôtres, et condamner la sienne. Il nie la présence de journaliste dans son hôtel, alors même qu’une quinzaine d’entre eux se trouve à l’étage supérieur".

Stéphane Frantz di Rippel est emmené par le commando, ainsi que les trois clients qui se sont interposés. Le commando ne montera pas au huitième étage. Y serait-il monté sans l'interposition du directeur ? On ne le saura jamais. Le texte des reporters de guerre français est titré "A vous quatre qui nous avez sauvé la vie au Novotel d'Abidjan". Ce n'est rien d'autre qu'une stèle de papier, une déclaration de gratitude. Comme les rappels rituels de la détention de Ghesquière et Taponnier, il fait irruption dans l'hystérie virtuelle de l'information continue, et dans le tumulte de nos furieux débats. Il nous rappelle que là-bas, très loin, dans des trous noirs si proches du rond de lumière, il arrive encore, mais oui, qu'on meure pour l'information.

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