Micro-trottoir ordinaire à Harlem
Brève

Micro-trottoir ordinaire à Harlem

Qu'on se le dise : la défense américaine de DSK va désormais avoir pour première tâche

de décrédibiliser le témoignage de Nafissatou Diallo, pour accréditer l'idée d'un rapport consenti, voire, dans la suite 2806 du Sofitel, d'une tentative d'extorsion ou de chantage, de la part de la femme de chambre. Cela doit être vrai, puisque les initiés l'assurent, et que la presse le répète en boucle, multipliant les reportages sur les terribles détectives américains, pour qui tous les coups sont permis. Prenons notre respiration, et préparons-nous à accorder, à la défense de DSK, la présomption d'innocence de cette sordide entreprise. Après tout, ce n'est pas parce que toute la presse répète la même chose, que cette chose est vraie, et les DSK-Sinclair vont peut-être, sait-on jamais, imposer à leur défense une autre stratégie, que celle de démolir la plaignante. Mais si ce pronostic s'avérait exact, il sera intéressant d'observer comment y réagiront tous les chers amis parisiens de DSK.

Si ce pronostic s'avérait exact, encore une fois, nul doute que la défense de DSK pourra s'appuyer sur un certain nombre de reportages publiés en France, qui ont allègrement commencé, loupe en main, à mener l'enquête de personnalité autour de Nafissatou Diallo. Le pompon, jusqu'à maintenant, a été décroché par Marion Van Renterghem, du Monde, dans un remarquable article du journal daté du 24 mai. La reporter a travaillé sérieusement. Son reportage s'ouvre par le témoignage de deux Guinéens rencontrés sur un trottoir de Harlem qui, admettent-ils d'emblée, ne connaissent pas Nafissatou Diallo. L'un des deux est pourtant catégorique : "c'est une frivole". L'autre renchérit : "Je travaille dans un grand hôtel et je vous le dis : on ne peut pas violer une femme dans un grand hôtel. Si tu as été violée, tu dois crier, te défendre. Pourquoi est-ce qu'elle a tellement attendu avant de prévenir la police ?" C'est tout ? Non. "Elle était consentante, et la plupart pensent comme nous". D'ailleurs, circonstance aggravante, ne s'est-elle pas portée volontaire, pour travailler ce jour-là au 28e étage ?

C'est tout le reportage, qu'il faut lire (lien payant), pour avoir une idée de l'incrustation profonde du mal dans les têtes de certains journalistes français. Cette même presse qui, des années durant, a maintenu un silence de bon aloi sur la si réjouissante, si gauloise, si française, paillardise de DSK, va maintenant multiplier les micro-trottoirs diffamatoires sur la jeune femme de ménage, à qui aucune présomption d'innocence, ou de véracité, ne sera reconnue. "La défense de DSK ne reculera devant rien pour anéantir son témoignage" pronostique, lucide, dans le même article, l'envoyée spéciale du Monde. Encore une fois, ne préjugeons pas. Attendons, et lisons.

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