l'Ophélie de Lars von Trier
Brève

l'Ophélie de Lars von Trier

Melancholia, film de Lars von Trier (le gars qui mérite la palme d'or de la crétinerie), sortira le 10 août 2011. Voici l'affiche :

Une femme en robe de mariée flottant sur l'eau, un bouquet dans les mains. La même image, en plus gros plan :

Il s'agit là d'une référence manifeste à l'Ophélie de John Everettt Millais :

Ophélie par John Everett Millais, 1851-1852

Ophélie est l’un des personnages principaux du Hamlet de Shakespeare. La pauvrette devient folle de chagrin en apprenant que son père, Polonius, a été assassiné par Hamlet qu’elle aime passionnément. Ce dernier, croyant trucider d'un coup d'épée un banal espion caché derrière un rideau, transforma en effet son futur beau-père en ex-beau-papa défunt. Oh maille gode ! Tragique méprise ! Pour la jeune fille, cette situation est invivable. Alors plouf ! elle se jette dans la rivière. Et pendant que l’eau imprègne lentement ses lourds vêtements de brocart (beubeule beubeule beubeule), elle chante des cantiques (Alleluiaaa !). Bientôt, elle servira de déjeuner aux écrevisses.

John Everett Millais demanda à une jeune fille nommée Elizabeth Siddal de poser pour lui, l’installa dans une baignoire remplie d’eau chauffée par des lampes. La jeune modèle fut tout de même victime d’un refroidissement (aglagla), et son père demanda au peintre de lui rembourser les frais de médecine.

Sa dette acquittée, Millais s'en alla chaudement vêtu sur les bords de la rivière Hogsmill, à vingt kilomètres au sud de Londres. Là, il fit de scrupuleux croquis de pâquerettes, pavots, jacinthes, lentilles d’eau, pensées, etc., qu'il reproduisit si fidèlement sur sa toile qu'on les dirait issues d’un livre de botanique. C’est l’une des deux raisons qui font que cette œuvre, le "plus ravissant paysage anglais hanté par le chagrin" qui puisse être, est adorée par les Grands-Bretons: grâce aux plantes fidèlement restituées, ils reconnaissent parfaitement la région où le peintre a situé le drame et l'on voit par là que le Grand-Breton est autant épris de botanique que d'exactitude géographique. Et puis il connaît par coeur tous les pièces de Shakespeare, qui bien sûr n'a jamais existé.

Merci à l'@sinaute qui m'a donné l'idée de ce Vite dit.


L'occasion de lire ma chronique intitulée Le monde entier est dans leurs sourires où il est question d'une femme ensevelie sous des décombres lors du tremblement de terre d'Haïti, qui fut sauvée au bout de quatre jours et qui pendant tout ce temps n'a jamais lâché un bouquet de fleurs de lys en plastique.

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