"Laprime", ou comment l'appeler ?
Brève

"Laprime", ou comment l'appeler ?

Soyons justes: il ne reste pas seulement Mougeotte. Il reste aussi Elkabbach.

Il restera jusqu'au bout, grand chambellan des intox, chorégraphe des fumigènes et, en l'occurence, chevalier de l'Ordre de "laprime". Car "laprime" fait les gros titres. Elle déploie ses chatoyants attraits aux radios du matin (Lagarde chez Aphatie, et donc Bertrand chez Elkabbach. France Inter a un mot d'excuse: ils sont à Toulon pour la journée). Elkabbach: "elle touchera donc au-delà des entreprises du CAC40 ?" Bertrand: et comment ! Elkabbach: "ça peut même être davantage que mille euros ? 1200, 1300, 1500" ? Silence gêné de Bertrand, qui réalise peut-être qu'il ne faut pas trop en faire. Affirmer (contre toute vraisemblance), que 8 millions de salariés sont concernés, passe encore. Mais le montant...

A noter, pour les esthètes, l'imperceptible gêne d'Elkabbach et Aphatie, les deux intervieweurs matinaux des principales radios privées. Même virtuelle, même pour la galerie, cette agression symbolique législative contre la toute-puissance, l'omniscience patronale, a du mal à passer. On les sent tiraillés, entre les réflexes de quatre ans de soumission à l'agenda sarkozyste, dont on ne se débarrasse pas en deux secondes, et le sacrilège anti-MEDEF que constitue "laprime". Aphatie taquine donc Lagarde: alors comme ça, vous trouvez que les entreprises sont égoïstes, et pas capables de partager seules les bénéfices ? Silence embarrassé de la ministre. Elkabbach, à Bertrand: c'est vraiment à l'Etat, de faire la loi dans les entreprises? Bertrand: "le gaulliste social que je suis..." Très fort, le coup du "gaulliste social". Ca resservira.

En tout cas, les titreurs de presse ont dû changer leur fusil d'épaule. Exit "laprimedemilleeuros" des premiers jours. Place à "laprimeauxsalariés". C'est un tout petit peu moins faux. Mais c'est encore évidemment faux. Le comble étant le site du Monde, qui publiait voici quelques jours un remarquable article, d'où il ressort que seuls quelques milions de salariés, dans le meilleur des cas, pourraient être concernés (entre un et trois millions, soit 10% au maximum de la population active). Et vlan, deux jours plus tard, comment est titré l'épisode du jour ? "Laprimeauxsalariés", évidemment. Ah oui, objecterez-vous, mais alors que doivent-ils faire, les malheureux titreurs de presse ? "Laprimeà10%dessalariés"? "Laprimequidiminuetouslesjours" ? A vos suggestions...

PS: à propos de Mougeotte et de calculs, Le Canard a fait les siens, de calculs, sur "laprime" que touchera Liliane Bettencourt, à l'issue des refontes fiscales en cours, dont je vous entretenais hier. Apparemment, elle n'aura pas trop de raisons de se plaindre. Dommage, vraiment, que Mougeotte ait oublié la question.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.