Euro : un point noir sur le périphérique
Brève

Euro : un point noir sur le périphérique

Pendant ce temps, même si "on avait un peu tendance à l'oublier", comme dit Pujadas

, la crise financière continue. Le Portugal vient de demander l'aide de l'Europe, et la Banque Centrale Européenne vient de relever ses taux. "On avait un peu tendance à l'oublier": comprenez, le cerveau du jité a beau être un cerveau collectif, un cerveau de service public, doté d'un cahier des charges et surveillé par le CSA,  il est au fond soumis aux mêmes misères physiologiques que vos pauvres cerveaux de télespectateurs individuels, incapable de penser à la fois Fukushima, les révolutions arabes, et la crise financière. Ne nous en veuillez pas. On en souffre comme vous. Mais on se soigne: la preuve, dès qu'on a deux minutes pour souffler, on les consacre, ces deux minutes, au relèvement des taux de la BCE. Ce "on", cette supercherie minuscule, cette manière pour le présentateur de rechercher l'absolution de ses télespectateurs en les rendant co-responsables de sa propre défaillance professionnelle, est parmi les subterfuges les plus détestables des grands médias. Eh non, David Pujadas, nous ne sommes pas égaux. Vous causez dans le poste, et nous vous regardons passifs. C'est à vous, de nous dire chaque soir ce que nous ne devrions pas oublier.

Ceux qui gardent un bout de cerveau disponible pour la crise financière auront capté que ce relèvement des taux par Trichet menace les "pays périphériques", comme disent les commentateurs (Trichet, lui, jure qu'il fait cela pour l'intérêt bien compris des mêmes pays périphériques. Il se soucie énormément de périphérie). Délicieuse appellation. Les pays certainement périphériques sont le Portugal, l'Irlande, et la Grèce. Le caractère périphérique de l'Espagne et de l'Italie est sujet à controverses, comme la question de savoir si les indiens ont une âme. Les contours de la périphérie sont d'ailleurs fluctuants: Quatremer y inclut la Grande-Bretagne, la Suède, la Tchéquie,  et la Hongrie. Finalement, la seule chose certaine, c'est que la France et l'Allemagne ne sont pas périphériques.

Que peut bien penser quotidiennement l'habitant d'un pays périphérique ? A quoi ressemble la vie, avec un pied dedans, un pied dehors ? Parviennent-ils à se consoler de leur destin d'excentrés, en se souvenant que c'est l'Europe elle-même, qui est devenue un continent périphérique ? D'une certaine manière, l'appellation est certes moins péjorative que celle de PIGS (Portugal, Island, Greece, Spain), par laquelle ils étaient précédemment désignés par la novlangue des traders. Disons que les pays périphériques sont aux PIGS ce que les "quartiers sensibles" sont aux banlieues qui craignent. Une précaution de langage, mais qui n'a  pas grand chose de rassurant.

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