Woodward et les propagandes
Brève

Woodward et les propagandes

Des centaines de milliers de déplacés, une épidémie de choléra

qui serait "hors de contrôle" dans un quartier d'Abdijan selon Action Contre la Faim, des massacres dans plusieurs villes de Côte d'Ivoire, sur lesquels la lumière reste à faire: la guerre de Côte d'Ivoire ne se réduit pas au suspense haletant sur "Fort Gbagbo". Loin des caméras, on fuit, on souffre, on crève. Dans cette apocalypse, Le Figaro a choisi une victime emblématique. C'est un Français d'Abidjan, "à bout de nerfs". son témoignage s'étale à la Une du site du journal. Il vit à Cocody, "le quartier chic" d'Abidjan. Qu'on juge du drame, ponctué par les coupures d'électricité. "Je peux recharger mon portable dans ma voiture, mais toutes les réserves du congélateur sont foutues…" confie l'homme au Figaro, qui poursuit :"Impossible, désormais, de sortir de la résidence: «Du coup, mon boy et mon jardinier habitent chez moi, précise le Français. Quant au gardien, il a fait venir sa femme et ses quatre enfants. On fait du camping, et on se débrouille avec les quelques boîtes de conserve qu'il nous reste.» On imagine la profonde empathie du lectorat du Figaro, souhaitant vivement que la vie normale du témoin, de son boy, de son jardinier, de son gardien, et de son congélateur, puisse reprendre son cours, le plus tôt possible. Assez de souffrance !

Matin après matin, les nouvelles des Fronts se succèdent, toujours aussi énigmatiques. D'après les rebelles libyens, explique France Inter, les troupes kadhafistes auraient reçu de nouvelles armes. Quelle provenance ? Qui arme encore Kadhafi ? Mystère. Les rebelles n'en savent rien, donc France Inter non plus, et du coup nous non plus. Ce sont pourtant les seules questions intéressantes. D'où viennent le cash, les armes, et l'essence ? Derrière tous les épisodes de guerre, ce sont les seules questions à poser, les seules qui éclaireront les apparents mystères (résistance des kadhafistes aux bombardements de l'OTAN, fulgurante offensive des troupes de Ouattara).

Mais en temps de guerre, l'investigation reste toujours une denrée aussi rare. La faute aux propagandes, bien sûr, qui se dressent devant toutes les questions. Mais pas seulement. La faute aussi à l'incuriosité des journalistes, même les plus aguerris, les plus sceptiques, même les légendes vivantes. Pourquoi le Washington Post n'a-t-il pas écrit à la Une "La guerre d'Irak repose sur un mensonge ?" demandait ce matin sur France Inter Patrick Cohen à Bob Woodward, Légende Vivante du Watergate. Et Woodward, redevenu petit garçon: "je n'ai pas appris la leçon. Quel que soit l'occupant de la Maison Blanche, il faut toujours frapper à la porte la nuit, poser des questions." Oui, même la Légende Vivante, même Woodward !

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