Indécence (s)
Brève

Indécence (s)

Par solidarité avec les Japonais qui souffrent, il est donc "indécent" de soulever la question nucléaire.

L'argument, d'abord émis par NKM et Besson, était repris au vol par Allègre hier soir sur France 2, et par Royal, au même moment, dans un meeting. Un débat ? Oui, demain. Après-demain. Un jour. Quand les choses se seront calmées au Japon. Mais pour l'instant, c'est "indécent". Pensez donc aux Japonais, si dignes, et qui nous regardent ! Etrange irruption du critère de "décence" dans l'agenda politique.

A la vérité, ce débat, les nucléocrates n'en ont jamais voulu, et n'en veulent pas. Il a toujours été "indécent". Et celà remonte aux années 70. Un beau jour, dans les derniers mois du septennat interrompu de Pompidou, l'Etat a fait le choix du tout nucléaire. Le patron d'EDF a eu quelques heures, un samedi matin, pour proposer au gouvernement le nombre des centrales qu'il pouvait construire. Et dans l'urgence, personne n'a même songé à organiser un débat à l'Assemblée. Tout ceci est raconté dans un documentaire que nous avions diffusé, dans Arrêt sur images, en 1999, et qui prend aujourd'hui, alors que se fissurent les certitudes des nucléocrates à la même vitesse que les enceintes de confinement de Fukushima, une résonance singulière.

Indécence, disait-on. Oui. Peut-être. Autant que de brandir devant les caméras une nième loi sur les multirécidivistes, après le meurtre d'une joggeuse, et avant même l'enterrement ? Autant que de menacer de déchéance de la nationalité les meurtriers de policiers, en sachant parfaitement que la mesure ne sera jamais appliquée ? Autant que cette dépêche, tombée hier, sur les valeurs du luxe "malmenées" par le tremblement de terre japonais, dépêche qui se concluait par cette note rassurante: "«Toutefois, les zones touchées (à ce stade) par le séisme ne semblent pas être des zones où les enseignes semblent être très présentes» ? Autant que d'inviter sur le plateau de la principale chaîne d'Etat, pour traiter du nucléaire, le faussaire Allègre ? Qu'est-ce qui définit l'indécence ? Simplement l'exploitation d'un contexte d'affolement, pour faire progresser ses arguments dans l'opinion, à la faveur de cet affolement ? Alors, oui, les antinucléaires sont à égalité "d'indécence" avec Sarkozy, et sa collection de lois de circonstance. Mais, chers pourfendeurs de "l'indécence" des écolos, évitez d'appeler en renfort l'exigence de solidarité avec les Japonais qui souffrent. C'est cet argument-là, qui est indécent.

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