Tous gagas devant Cantona
Brève

Tous gagas devant Cantona

Dans l'emballement final autour de "l'opération Canto"', dans cette apothéose

qui relaie partout l'appel du footballeur, après qu'il ait cheminé souterrainement pendant deux mois, comme nous l'expliquions ici, il y a évidemment l'attrait de la "bonne histoire". Une star, une question brûlante d'actualité, un terrible suspense (Canto va-t-il faire sauter la banque ?), tout cela divertit aimablement des sujets habituels. Unes alléchantes, bonnes ouvertures, oui, bonne histoire, coco. Classique.

Mais il y a aussi autre chose. Ce qui frappe, dans le traitement de l'affaire, c'est la timidité des objections. Pour un Lordon, qui ose (avec sympathie, mais ose tout de même) renvoyer Canto dans ses buts, pour un Jorion qui dit la même chose, combien d'autres se réfugient derrière une posture de simples observateurs, tentent de se placer en surplomb, et se planquent derrière un implicite "on ne sait jamais, si ça prenait". Et ce ne sont que développements interminables sur "les bonnes intentions" de ce "footballeur exceptionnel", ou titres magnifiquement interrogatifs (Le Parisien: "peut-on se passer des banques ?"). Que l'opération "je vide mon compte" soit non seulement impraticable (très peu de guichets permettent des retraits massifs en espèces) mais d'abord stupide et dangereuse pour les déposants eux-mêmes, combien de fois l'aura-t-on entendu énoncer, explicitement, dans les sujets radio et télé qui ont proliféré ces derniers jours, à l'approche de la date-butoir d'aujourd'hui ?

Comme si les 60 000 internautes qui ont déclaré, d'un clic sur Facebook, leur intention de vider leur compte, comme si les quelque 200 000 autres qui auraient "vu" la vidéo de Canto, intimidaient à distance les "relais d'opinion". Ouh la ! Brûlant ! Tous ces machins viraux qui naissent sur Internet, on ne sait jamais si ça ne va pas devenir la doxa de demain. Prudence. Comme s'il leur était impossible d'aller contre cette colère-là, la colère contre les banques, même quand elle prend des formes ineptes. Comme s'il était impossible, aussi, de dire publiquement qu'on peut être un grand footballeur, avoir été recruté par Ken Loach et, politiquement et économiquement, proférer de parfaites imbécillités.

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