Nanterre : il y a un président dans le tribunal !
Brève

Nanterre : il y a un président dans le tribunal !

Ouf ! Il y a donc un président, au tribunal de Nanterre.

Mieux : il est doté de parole. Mieux encore : il donne des interviews. Il vient d'en donner une à Pascale Robert-Diard, du Monde. Interview dans laquelle on apprend que Jean-Michel Hayat, le président en question, est également doté d'une ouïe. Les bruits de portes claquées et de vaisselle brisée, entre les deux vedettes du tribunal que sont le procureur Courroye et la juge Prévost-Desprez, ont franchi ses portes capitonnées. "Je ne peux pas rester inerte" s'emporte le président, qui déplore (c'est le chapeau du Monde) "une perte totale de repères" et constate (c'est le titre) que "tous les principes ont été malmenés".

Le président est donc parfaitement présidentiel. Au moins quand on regarde de loin la page du Monde. Mais au fil de la lecture de l'interview, cette impression se dissipe. Car le président a la main plus lourde d'un côté que de l'autre. Après avoir rappelé (sans la nommer) Prévost-Desprez à "la réserve, la vigilance, et la discrétion", il esquive une question sur Courroye, qu'il estime simplement "parfaitement conscient des enjeux du moment". Et réserve l'essentiel de son courroux, d'abord aux avocats, qui ne savent pas se tenir, puis (et on arrive là au fond de sa pensée) au fait "que des conversations à caractère privé, dans un lieu privé, ont donné lieu à des enregistrements clandestins et que ceux-ci ont été publiés". Nous y voilà. Sans le majordome et Mediapart, tout irait tellement mieux dans le neuf-deux ! Maudit majordome ! La peste soit de Mediapart, ces racailles venues d'ailleurs ! A aucun moment, hélas, l'intervieweuse ne lui rappelle que la publication des bandes Bettencourt a été justifiée par le tribunal de Paris, qui a qualifié ces informations de "légitimes" et "intéressant l'intérêt général".

En toute logique, l'interview de Hayat aurait donc dû être titrée: "le président du tribunal de Nanterre conteste le tribunal de Paris". Ou bien : "Nanterre : le président refuse de condamner le procureur". Ou encore: "Nanterre : le président regrette la publication des bandes". Mais non. Présentant comme "au dessus des parties" une position parfaitement partiale de Hayat, s'abstenant de pousser l'interviewé dans ses retranchements, Le Monde poursuit contre Mediapart une campagne insidieuse, et non avouée. Campagne d'autant plus surprenante, et regrettable, que Le Monde fait, par ailleurs, de l'excellent travail sur l'affaire Bettencourt, travail qui vaut aux faits et gestes de l'investigateur Gérard Davet, à ses allées et venues, à ses conversations téléphoniques, une attention affectueuse et persistante de la police française (et peut-être, il est trop tôt pour le dire, un cambriolage).

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