Mineurs chiliens : médias peu intéressés par conditions de travail
Brève

Mineurs chiliens : médias peu intéressés par conditions de travail

Les médias du monde entier suivent au quotidien les opérations de sauvetage des mineurs chiliens coincés au fond d'une mine depuis plusieurs semaines. Le courage de ces hommes est régulièrement donné en exemple par les médias chiliens et par le gouvernement de ce pays. Mais tous ces médias ont oublié que cette belle aventure masque une réalité sociale nettement plus sombre, signale LeMonde.fr qui cite des extraits d'un article du quotidien espagnol El Pais.

"La nuit tombe à l'endroit où est mort il y a six ans Pedro González, là où Fernando Contreras est mort deux ans plus tard, là où est mort Manuel Villagrán en 2007, dans cette même zone où un glissement de terrain a pris la jambe de Gino Cortes, le 3 juillet, et a enterré vivants 33 hommes à 700 mètres de profondeur, la mine de San José. (...) Assis dans sa hutte, à côté d'une bougie, Javier Castillo, secrétaire de l'unique syndicat de la mine de San Esteban, qui emploie 150 travailleurs, dont 75 sont membres du syndicat. (...) «Nous avons déjà réussi à fermer la mine après le décès de Villagrán en 2007», explique Castillo . «Mais après, elle a été rouverte» (...) Le problème est que si vous fermez la mine, le mineur se retrouve au chômage, sans aucune ressource "En Espagne l'Etat verse de l'argent, mais pas ici, vous ne touchez rien." ajoute un autre syndicaliste «Les mineurs qui ont des enfants refusent toute idée de fermeture»".

Pour trouver des mineurs, malgré le danger de cette mine mal entretenue, et dangereuse "la société a trouvé un moyen simple : augmenter les salaires de 20 %. les employés de San Jose gagnent en moyenne 857 euros par mois, alors que dans les autres mines le salaire moyen est de 700 euros par mois. Alexander Bohn, l'un des propriétaires de la mine San Jose, a récemment déclaré: «Ce n'est pas le moment de reconnaître des fautes ou de présenter des excuses». Castillo estime, lui, que Bohn derait être emprisonné."


El Pais mardi 12 octobre 2010

La vision de l'envoyé spécial du quotidien espagnol El Pais contraste singulièrement avec celle de l'envoyé spécial du Monde, Jean-Pierre Langellier dans son article du 22 septembre.

Alors que son journal consacrait une page à "la dangerosité des sociétés minières sans foi, ni loi", dans le deuxième article l'envoyé spécial du Monde portait, étrangement, un jugement favorable sur les mines chiliennes sous le titre "Au Chili, les mineurs forment une aristocratie ouvrière enviée". On trouvait néanmoins dans son reportage un chiffre inquiétant : 16 inspecteurs d'Etat pour les 4 000 mines du pays.


 

Le Monde daté 22 septembre 2010

"«On n'éliminera pas les accidents par décret, a déclaré le ministre des mines, Laurence Golborne. Rien ne remplace l'éthique et la conscience de sécurité des entreprises et des travailleurs.» Mais l'Etat n'est pas au-dessus de tout reproche : le Service national de géologie et des mines (Sernageomin), organe régulateur, n'a que 16 inspecteurs pour contrôler plus de 4 000 mines."

"Depuis l'accident, le gouvernement a annoncé un train de mesures. Le budget sécurité du Sernageomin va plus que doubler, comme le nombre d'inspecteurs. Une nouvelle superintendance des mines veillera à tous les aspects de la sécurité ; elle autorisera, ou non, l'exploration et l'exploitation. Un comité d'experts indépendants fera des recommandations."

"Le drame des "33" de San José et l'opération en cours pour les sauver ne doivent pas faire oublier l'essentiel : la grande majorité des mineurs chiliens travaillent dans d'excellentes conditions de sécurité. Le dernier gros accident (21 morts) remonte à 1994, dans une mine de charbon."

"De fait, le contraste est total entre les grandes mines gérées par des géants du secteur, chiliens ou étrangers, et les mines "petites et moyennes" où ont péri la plupart des accidentés (31 en moyenne par an depuis quinze ans). Ces dernières ne produisent que 60 000 tonnes de cuivre par an, soit environ 1 % de la production nationale."

"La mise aux normes d'une mine de taille moyenne coûte 20 millions de dollars (15 millions d'euros), affirment les chefs d'entreprise. Tous n'ont pas, disent-ils, les moyens de s'y plier sans l'aide de l'Etat. Ils demandent la création d'un fonds national de sécurité."
 

L'envoyé spécial du Monde conclut en saluant "Le géant public Codelco et quelques grandes multinationales (BHP Billiton, Barrick, ou Xstrata Copper) (...) Leurs employés forment une aristocratie ouvrière enviée : ils ont de bons salaires, assortis de primes et d'allocations, des syndicats puissants, et de bonnes conditions de travail et de sécurité."

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