Enfants "malades de l'école" ? Le Figaro ne change pas de ligne
Brève

Enfants "malades de l'école" ? Le Figaro ne change pas de ligne

Le Figaro (et sa journaliste Education), se lancerait-il sur les traces des "pédagogistes", habituellement décriés au fil de ses pages ?

Question légitime lorsqu'on lit la page 2 du quotidien, aujourd'hui. Titrée "Cette école qui rend les enfants malades", elle insiste d'abord sur "les phénomènes d’angoisse et de stress" qui "se développent à l’école". A priori étonnant pour un article signé Natacha Polony, journaliste engagée contre les pédagogues comme Philippe Meirieu, et invitée il y a quelques mois sur le plateau de Ligne j@une pour défendre sa vision du journalisme, et de l'éducation.

Mais qu'on se rassure, la journaliste n'a pas changé de vision, ni de bord politique. Si dans la première partie de l'article, elle donne effectivement la parole aux critiques de l'école à la française, elle reprend ensuite la main pour désavouer un enseignement qui va "vers toujours moins de rigueur et de sélection".

L'article reconnaît d'abord, sur un ton un rien désapprobateur, que "la «boule au ventre» des élèves français est une exception culturelle qui prospère". Il cite ensuite le dernier baromètre de l’Afev (Association de la fondation étudiante pour la ville) qui signale que 36 % des élèves des quartiers difficiles "disent avoir mal au ventre avant d’aller à l’école et 29,4 % se sentent régulièrement mal à l’aise dans leur établissement scolaire". Il s'arrête aussi sur "le plus en vue des ouvrages de rentrée scolaire", celui du journaliste anglais installé en France Peter Gumbel, On achève bien les écoliers (éd. Grasset), qui critique fortement le système scolaire français. Mais pour Polony, Gumbel "cultive la pose de l’Anglais dénonçant les aberrations françaises" et "reprend toutes les figures imposées du genre : professeurs sadiques, élèves traumatisés par des notes humiliantes, bridés dans leur créativité". Son livre milite contre la tyrannie de la note en classe, qui amènerait à humilier les élèves.

Faudrait-il supprimer les notes ? C'est l'articulation sur laquelle s'appuie Polony pour lancer sa contre-offensive, en affirmant que cette thèse "laisse sceptiques nombre de professeurs", à qui elle donne la parole. "Il faudrait quoi ? Qu’on donne le sujet à l’avance pour ne pas traumatiser les chers petits ?", fait mine de s'interroger une prof de français. "Faisons attention à la dimension inutilement compassionnelle de ce débat", alerte pour sa part Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire. L'article laisse aussi la parole à Jean-Paul Brighelli, chef de file de la mouvance anti-pédagogistes, qui fustige, comme il le fait régulièrement, "trente ans d’expérimentations pédagogiques les plus folles" en France.

La journaliste souligne que "le système français, tant décrié, n’a jamais été aussi souple" et que "tout est fait pour le bien-être des jeunes", mais que cette "transition vers toujours moins de rigueur et de sélection" "n’empêche pas les décrochages". Conclusion ? "La transition de l’école française pour s’adapter au narcissisme d’une société qui réclame toujours plus d’attention aux individus pourrait bien déstabiliser un système privé de son sens premier, la confrontation avec les grandes œuvres de l’esprit humain." Comme elle l'a assumé tranquillement lorsque nous l'avions interrogée, Polony n'a "aucun complexe à mettre en avant une certaine vision de l'éducation". Démonstration réussie.

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